2025-03-25

La Cathédrale et autres concepts clefs de Curtis Yarvin


 1) Qui est Curtis Yarvin ?

Curtis Yarvin, né en 1973, est un ancien ingénieur en informatique et blogueur américain devenu une figure influente dans les cercles de la droite radicale et technolibertarienne. Cultivant une apparence de révolutionnaire aux cheveux longs à San Francisco, Il est plus connu sous son pseudonyme "Mencius Moldbug", qu’il utilisait pour écrire sur son blog Unqualified Reservations entre 2007 et 2014. Yarvin est le principal instigateur du mouvement néoréactionnaire (ou "NRx"), également appelé "Dark Enlightenment" (Lumières sombres), qui critique la démocratie libérale et prône des formes de gouvernance autoritaires, souvent comparées à une monarchie ou à une structure corporative dirigée par un "PDG national". Il a grandi dans une famille laïque et progressiste, avec des racines juives américaines communistes du côté paternel, et a été influencé par la culture libertarienne de la Silicon Valley dans les années 1990. En parallèle, il est le créateur d’Urbit, une plateforme informatique décentralisée, financée notamment par Peter Thiel.

Curtis Yarvin - source: wikicommons

Yarvin se présente comme un penseur iconoclaste, mélangeant des références historiques, philosophiques et technologiques pour critiquer ce qu’il appelle "la Cathédrale" : un réseau informel d’universités, de médias et de bureaucratie qu’il accuse de contrôler la société américaine via une idéologie progressiste dominante.


 2) Les noms des penseurs et idées qui l'ont influencé

Yarvin puise dans un éventail de penseurs et de traditions intellectuelles, souvent réinterprétés à sa manière. Voici les principaux :

  • Thomas Carlyle : Ce philosophe du XIXe siècle, connu pour son conservatisme et sa défense de l’ordre hiérarchique, a profondément marqué Yarvin. Carlyle voyait la démocratie comme chaotique et prônait une autorité forte, une idée que Yarvin reprend dans son rejet du libertarianisme pur pour une vision plus autoritaire.
  • Ludwig von Mises et Murray Rothbard : Ces figures de l’École autrichienne d’économie et du libertarianisme ont influencé Yarvin dans sa jeunesse, notamment via leur critique de l’État interventionniste. Cependant, il s’en est éloigné en adoptant une position plus autoritaire.
  • Hans-Hermann Hoppe : Disciple de Rothbard, Hoppe a écrit Democracy: The God That Failed, où il critique la démocratie et défend des systèmes hiérarchiques. Yarvin cite explicitement ce livre comme une étape clé dans son évolution intellectuelle.
  • James Burnham : Cet ancien trotskiste devenu conservateur, auteur de The Managerial Revolution, a inspiré Yarvin avec sa vision d’une élite technocratique dominant la société, un concept que Yarvin adapte à ses idées de gouvernance centralisée.
  • Niccolò Machiavelli : Yarvin s’inspire de la realpolitik de Machiavel, notamment dans sa vision pragmatique du pouvoir et son rejet des idéaux démocratiques au profit de l’efficacité.

En termes d’idées, Yarvin mélange le libertarianisme (liberté individuelle, méfiance envers l’État bureaucratique) avec des notions réactionnaires (rejet de l’égalitarisme, nostalgie de systèmes prémodernes comme la monarchie). Il rejette l’empirisme au profit d’une approche déductive, influencée par l’École autrichienne, et utilise des métaphores technologiques pour conceptualiser la politique (ex. : la société comme un "système d’exploitation" à "redémarrer").

 3) Quels sont ses articles les plus connus ?

Yarvin a écrit des centaines d’articles sur Unqualified Reservations et, plus récemment, sur son Substack Gray Mirror. Voici quelques-uns de ses textes les plus emblématiques :

  • An Open Letter to Open-Minded Progressives" (2008) : Une série d’essais où il expose sa critique de la démocratie et du progressisme, introduisant des concepts comme "la Cathédrale" et plaidant pour un retour à des systèmes hiérarchiques.
  • "A Gentle Introduction to Unqualified Reservations" (2007) : Un texte d’entrée qui résume sa vision néoréactionnaire, critiquant la légitimité de la démocratie moderne et proposant des alternatives autoritaires.
  • "The Cathedral" (2008 et séries associées) : Une série d’articles où Yarvin développe son concept clé de "la Cathédrale", décrivant un système de pouvoir informel composé d’universités, de médias et d’élites culturelles qui, selon lui, impose une orthodoxie progressiste et manipule l’opinion publique. Ce terme est devenu central dans le lexique néoréactionnaire.
  • "Patchwork: A Political System for the 21st Century" (2008) : Ici, Yarvin imagine un monde fragmenté en petites entités souveraines gérées comme des entreprises, une idée centrale de son "néocaméralisme".
  • "How to Reboot the US Government" (2012) : Cet article introduit le concept de "RAGE" (Retire All Government Employees), une proposition radicale pour démanteler la bureaucratie fédérale et centraliser le pouvoir sous un exécutif fort.
  • "The Clear Pill" (série sur Gray Mirror, 2020s) : Une tentative plus récente de "désenchanter" ses lecteurs en déconstruisant les illusions de la démocratie et en plaidant pour une gouvernance rationnelle et autoritaire.

Ses écrits sont souvent longs, denses, truffés de références historiques et d’ironie, ce qui les rend à la fois fascinants pour ses partisans et difficiles à aborder pour les non-initiés.

 4) Quels sont les noms des personnes qui ont été influencées par lui ?

Les idées de Yarvin ont trouvé un écho auprès de figures influentes, notamment dans la Silicon Valley et la droite trumpiste. Voici les principales :

  • J.D. Vance : Vice-président élu des États-Unis (2025), Vance a cité Yarvin explicitement dans un podcast en 2021, reprenant l’idée de "RAGE" pour suggérer que Trump devrait licencier les bureaucrates fédéraux et les remplacer par des loyalistes. Il l’a appelé un "ami" et partage sa méfiance envers les institutions démocratiques.
  • Peter Thiel : Milliardaire et investisseur, Thiel a financé Urbit via son fonds Founders Fund et a qualifié Yarvin d’historien "puissant". Ses idées anti-démocratiques résonnent avec la vision de Yarvin d’un pouvoir technocratique.
  • Marc Andreessen : Le capital-risqueur et cofondateur de Netscape a exprimé son admiration pour les écrits de Yarvin, notamment sur la bureaucratie et la gouvernance. Il est un conseiller informel de Trump et partage des affinités avec le néocaméralisme.
  • Steve Bannon : Ancien stratège de Trump, Bannon a lu et admiré Yarvin, bien qu’il se soit distancié de lui plus tard. Les deux partagent une critique des élites progressistes et une fascination pour le pouvoir centralisé.
  • Michael Anton : Haut responsable du Département d’État sous Trump (nommé en 2025), Anton a discuté avec Yarvin de l’idée d’un "César américain" sur un podcast en 2021, montrant une influence directe.
  • Blake Masters : Candidat républicain au Sénat en 2022 (soutenu par Thiel), Masters a également repris des éléments de la pensée de Yarvin, notamment sur la nécessité de "rebooter" le gouvernement.

En outre, Yarvin a influencé une génération de jeunes conservateurs et de "staffers" dans l’administration Trump, souvent qualifiés de "vanguardistes révolutionnaires" ayant grandi en lisant ses blogs. Son impact est également visible dans des cercles en ligne comme les "groypers" et certains segments de la Nouvelle Droite.

 Conclusion

Curtis Yarvin est une figure polarisante : pour certains, un visionnaire qui dénonce les failles de la démocratie ; pour d’autres, un provocateur dangereux flirtant avec l’autoritarisme et des idées controversées sur la race et la hiérarchie. Son influence, autrefois limitée aux marges d’Internet, s’est étendue jusqu’aux couloirs du pouvoir à Washington et aux élites technologiques de la Silicon Valley, notamment avec la réélection de Trump en 2024. Ses écrits, bien que non conventionnels, continuent de susciter débat et fascination.

2025-02-24

La Fable des Abeilles: Mandeville et le Consommateur Keynesien

Bernard de Mandeville est un philosophe, économiste et satiriste anglo-néerlandais (1670-1733). Il publie la Fable des Abeilles en 1705 peu après la création de la banque d'Angleterre, au début du siècle qui allait bientôt voir le papier monnaie du système de Mr Law.

Bernard de Mandeville, credit: wikicommons

La Fable des Abeilles

Le poème décrit une ruche d'abeilles qui prospère grâce à l'égoïsme, à la vanité, à la cupidité et à d'autres vices de ses membres. Chaque abeille, en poursuivant ses intérêts personnels, contribue involontairement au bien-être collectif de la ruche. Par exemple, les abeilles vaniteuses dépensent de l'argent pour des biens de luxe, ce qui stimule l'économie. Les avocats et les politiciens, bien que motivés par l'ambition et la corruption, maintiennent l'ordre et la structure sociale.

Cependant, un jour, les abeilles décident de devenir vertueuses et de renoncer à leurs vices. Elles adoptent l'honnêteté, la modestie et l'altruisme. Paradoxalement, cette transformation morale entraîne la ruine de la ruche. Sans la consommation de luxe, les industries s'effondrent, le chômage augmente et la prospérité disparaît. La ruche devient pauvre et faible.

Thèmes principaux :

  • Le paradoxe des vices : Mandeville soutient que les vices individuels, comme l'égoïsme et la cupidité, peuvent avoir des effets bénéfiques sur la société dans son ensemble. Ces comportements stimulent l'économie et favorisent le progrès.
  • La critique de la vertu absolue : Il remet en question l'idée que la vertu morale pure est toujours bénéfique. Selon lui, une société entièrement vertueuse pourrait être économiquement stagnante.
  • L'importance de la consommation : Mandeville met en avant l'idée que la consommation de biens, même superflus, est essentielle pour maintenir une économie dynamique.

Conclusion

Mandeville est peut-être un précurseur de Keynes, dans son célèbre article contre l'austérité et pour la relance en cas de récession ou de dépression.

Mandeville avait aussi suggéré que les pauvres ne doivent surtout pas s'enrichir, sans quoi ils cesseraient de travailler. Il convient donc que tous dépensent et s'endettent si besoin est pour stimuler l'économie.



2025-01-27

Un Systeme Bancaire fragile à dessein selon Calomiris et Haber

Charles Calomiris et Stephen Haber sont des professeurs spécialistes de la politique et l'histoire du système bancaire. En 2014, ils publient Fragile à dessein, un livre dans lequel ils explicitent le rôle du système bancaire dans le financement de l'État, le fléchage de l'investissement et l'accès a des prêts à taux bonifiés par des groupes d'intérêt spéciaux.

Alexander Hamilton


Le jeu de la banque

  • Le jeu de la banque est intrinsèquement trop risqué pour que le crédit se développe de manière significative.  
  • Ce n'est que par la création de chartes bancaires ou l'attribution de prébendes et de monopoles par l'État que la banque se développe et finance l'État moderne. La charte de la banque d'Angleterre en est le meilleur exemple.
  • La banque a besoin d'un système légal et de droits de propriété pour ne pas se faire voler par ses créditeurs, par l'État, ou par son élite dirigeante.
Le système bancaire évolue en fonction de la structure du pouvoir :
  • systèmes autocratiques forts, le risque de confiscation par l'État est fort, et l'élite dirigeante sert les intérêts spéciaux proches du pouvoir. Les actionnaires minoritaires et les déposants ne veulent pas apporter de capital, car la répression financière est forte et le risque n'est pas rémunéré. On pense a de nombreux pays sous-développés.
  • systèmes autocratiques faibles ou oligarchiques ou l'État n'a pas beaucoup de pouvoir, l'inflation est utilisée pour financer la dépense publique, alors que des congères oligarchiques organisent une confiscation dont elles gardent le bénéfice. On pense à des pays où l'inflation est endémique. 
  • systèmes démocratiques libéraux, qui ont de nombreux contrepoids de pouvoir et un système légal qui protège les droits de propriété personnelle, le système bancaire se développe le plus, même si cette protection tend a créé des intérêts spéciaux a tendance oligarchique. On pense à la banque proposée par Alexander Hamilton.
  • Systèmes démocratiques populistes, dans lequel un prince se fait plébisciter par le peuple avec la promesse de redistribuer la richesse vers le grand public. On pense à la banque vue par Andrew Jackson, aux garanties de l'État sur les prêts immobiliers et aux prêts sans recours légal. Une alternative au système populiste capitaliste est un système collectiviste ou les prêts aux étudiants, au logement ne sont plus nécessaires parce que l'État prend le contrôle de ces secteurs, ce qui est le cas en Europe.

Banque et État

La charte bancaire est nécessaire a l'État moderne. Le Costa-Rica n'a pas d'armée, mais il a une charte bancaire. Le Koweït ne prélevé aucun impôt, mais a une charte bancaire. La Somalie n'avait plus de banque entre 1990 et 2011, mais l'État s'est effondré. 

Si comme le note Tilly, l'État fait la guerre et la guerre fait l'État en Europe entre 1100 et 1500, à partir de 1600, l'État commence à réguler les banques par l'octroi de monopoles, de chartes. 

L'Écosse du 18ᵉ siècle donne l'exemple de banques commerciales les plus libres, tandis que la charte de la banque d'Angleterre qui donne un monopole à celle-ci, vise à extraire le financement nécessaire aux guerres contre la France de 1688 à 1815. Le retour au standard or prendra 10 ans, et ce ne sera que par des réformes de 1825 à 1860 que le système bancaire prive pourra se développer en Angleterre, alors que la banque d'Angleterre combattait la déréglementation par une politique de crédit sur accommodatrice qui cause 10 crises en 35 ans. En fait, le système bancaire Anglais n'atteindra son apogée qu'avec la deuxième globalisation sous Margaret Thatcher, alors que le système bancaire américain était encore trop petit.

L'État décide qui a le droit d'ouvrir une banque, à qui il peut donner son crédit, et à quelles conditions. Il peut egalement décreter que sa dette est la moins risquée et forcer la banque a déposer ses liquidités à la banque centrale. Décider de qui obtient les crédits et à quels prix est une manière de distribuer les ressources qui est moins évidente que la redistribution par l'impôt. Plus encore, les crises permettent de aux regulateurs de décider dans l'urgence et dans l'arbitraire qui va supporter les pertes extraordinaires que la fragilité du système ne manquera pas de causer.

Les pays ne choisissent par leur système bancaire, ils ont le système bancaire qui correspond à leur régime politique.

Quelques Données Factuelles

  • Un système de crédit est corrélé avec le développement économique. Depuis les années 90, les économistes ont établi que la causalité va du crédit vers le développement. 
  • La taille du secteur bancaire augmente avec le niveau de revenu, on observe toutefois de fortes disparités liées à des institutions maladaptées dans certains pays.
Les auteurs recensent les crises bancaires systémiques (plus que la faillite de quelques banques). En excluant les ex-pays communistes et les pays de moins de 250 mille habitants, on observe :
  • Crise fréquente et très peu de crédit : Tchad et Congo
  • Crise fréquente et peu de crédit : Argentine, Bolivie, Brésil, Cameroun, CAR, Colombie, Costa Rica, Équateur, Kenya, Mexique, Nigeria, Philippines, Turquie, Uruguay. (Seuls la Bolivie et le Costa Rica ont des régimes démocratiques stables depuis 1970)
  • Il semble y avoir un lien entre régimes autoritaires et un système bancaire peu développé.
  • Les 6 pays développés qui n'ont pas eu de crise : Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Malte, Hong Kong, Singapour. Ces pays ont un État de droit fort garanti par le common law. Les institutions donnent lieu à plus de contre-pouvoirs que la démocratie populiste américaine.
  • Les pays développés qui ont eu plus d'une crise récente sont l'Espagne, la Suède, et les États-Unis.

Les États-Unis et le Canada


Le système bancaire se développe autour des villes du nord-est de Boston, New York, Baltimore de l'indépendance à 1820. A partir de la, les États-Unis ruraux dominent politiquement. La transition se fera sous la pression du suffrage universel, entre l'élection volée par Adams et Clay en 1824 au populiste Andrew Jackson, et l'élection de ce dernier en 1828. La BNA (banque d'amerique du nord) puis la BUS (banque des Etats-Unis) auront une charte federale. Cette derniere ne sera pas reconduite en 1811, et la deuxieme BUS ne sera pas reconduite en 1834.

À partir de là, les banques sont astreintes à un État et ne pas avoir de branche, ce qui empêche toute diversification du risque et toute économie d'échelle. Les agriculteurs acceptent cette inefficacité du système comme le prix d'un accès durable au crédit : la banque ne coupe pas le financement des producteurs de mais ou de soja quand tous les gros clients dans une ville en sont producteurs.

Contrairement aux États-Unis populistes depuis 1824, la couronne britannique, au 18ᵉ siècle, doit faire face à une population catholique francophone majoritaire au Canada. D'autres régions sont créées afin de diluer le pouvoir du Québec. Le Sénat qui contrôle les réglementations financières est nommé par le souverain. Le Canada est donc une démocratie libérale (ce qui signifie pour l'auteur que le pouvoir de la majorité fait face à de nombreux contre-pouvoirs), ce qui empêche des choix maladaptés concernant les banques.

De ce fait, les banques canadiennes n'ont pas eu de crise depuis 3 siècles alors que le système américain a connu 17 crises. Suite à la crise de 1907, la commission américaine aux affaires financière de 1910 a publié trois livres sur le système canadien et comment il évite les crises. Cependant, la décision après les commissions de 1910 ne sera pas de rationaliser le système parce que les intérêts politique au congrès ne le permettraient pas, mais de créer la réserve fédérale. 

L'Amerique urbaine reprend l'ascendant politique au 20ᵉ siècle. Les changements de réglementation sont nécessaires pour faire face a la deuxième globalisation après 1980. Ces réformes ne polarisent pas une opposition partisane Démocrates/Républicains, mais une opposition ville/campagnes. Les Démocrates favorisent les villes et la consolidation bancaire. Les présidents Républicains doivent aussi la favoriser pour remporter les élections de la Floride et l'Ohio. 

Le système bancaire américain est centré autour de la Caroline du Nord parce que les banques de l'État y avaient le droit de se regrouper et d'ouvrir des branches, elles avaient donc de l'avance. Les crises du savings and loans de 1980 permettent à ces banquiers de suggérer aux FDIC et aux régulateurs de permettre à ces banques solides de reprendre des opérations dans d'autres États.

La consolidation des banques américaines se fait entre 1980 et 1992, puis de 1992 à 1997. On note que des lobbys locaux sont invités à proposer plus de dérégulation à la Fed, alors que les banques promettent à ces groupes de prêter 900 milliards. 

De 1990 à 2007, le congrès s'allie à ces groupes pour flécher par des mesures populistes l'accès au crédit. Il demande aux agences sponsorisés par l'État, Fannie Mae et Freddie Mac d'étendre le rachat de crédit immobilier de moins en moins solvable. Cela permet aux banques d'étendre le crédit bien au-delà de ce qui est financièrement responsable. 

On en arrive a la conclusion que la banque est un système mal géré aux États-Unis, que cela est connu depuis le 19ᵉ siècle, mais que le congrès préfère arranger les choses d'une manière sous-optimale et moins prudente.

Conclusion

Ce travail de recherche concernant le système bancaire est motivé pour tirer les leçons de la grande crise financière de 2007. Les auteurs font une distinction entre autocratie et démocratie, puis entre démocratie libérale au sens défini au 18ᵉ siècle dans lequel l'État de droit limite la tyrannie de la majorité comme au Canada ou le Sénat est nommé par le souverain, et démocratie populiste, qui selon eux a pris le pouvoir aux États-Unis entre 1810-1828. 

En régime populiste, les crises sont causées par des accords conclus entre les politiciens populistes et les banquiers. Selon les auteurs, la crise de 2007 est la conséquence de la loi signé par G Bush Sr en 1992 peu avant l'élection pour étendre le crédit immobilier sans apport, a des personnes sans revenu suffisant en imposant aux agences d'assumer ces prêts, qu'elles pouvaient sécuriser et revendre aux banques avec un crédit AAA.
 

2025-01-12

Livre II, III et IV de la Richesse des Nations selon Adam Smith

Nous avions revu le premier Livre de la Richesse des Nations dans un billet precedent. Nous revoyons ici le deuxième et troisième livre de la Richesse des Nations.

Le livre II évoque avec précision la question de la monnaie, du crédit, de la question de l'escompte et de l'instabilité du financement bancaire des capex de l'industrie. Il préfigure aussi le débat concernant le besoin d'une monnaie a "preuve de travail" pour éviter l'accaparement des ressource lorsque des cantillionaires peuvent créer l'argent par fiat.

On trouve des considérations que reprendra Marx concernant la baisse tendentielle des taux de profits, de Soto concernant la necessité d'un droit de propriété pour le développement et quelques remarques sur la délocalisation.

Le livre III donne une justification des remembrements agricole pour redynamiser l'économie agricole, et une histoire des institutions européennes depuis l'empire Romain, la cause de la stagnation du moyen-age et de l'Europe de l'Est, et sa résolution.

Canal royal en Languedoc, infrastructure constuite a la fin du 17e siecle


Livre II: sur la nature, l'accumulation et l'emploi des stocks.


De la division des stocks

  • Un stock peut être utilisé pour la soutenir l'existence de son propriétaire, il s'agit dans ce cas d'un stock destiné a la consommation
  • Lorsqu'un stock est plus important, il est considéré comme capital. Le capital est un stock avec un objectif de rendement. 
  • Le capital peut être divisé en capital circulant et en capital fixe. Un mouton est un actif circulant pour un éleveur de viande, mais un capital fixe pour un producteur de lait et de laine. Le grain peut être considéré comme faisant partie du capital fixe s'il est destiné à la semence. L'inventaire et la main-d'œuvre sont considérés comme actif circulant.
  • Smith distingue les productions primaires, produit du sol, des mines et de la pêche des productions transformées. Il note que certaines productions sont en amont des autres dans une économie civilisée. Il parle de une chaine de valeur.
  • Le logement, l'ameublement et les vêtements sont selon Smith des consommations finales, et n'enrichissent pas une nation. En effet, même si une maison peut rapporter un loyer, le locataire doit gagner l'argent de son loyer par un autre moyen.
  • Dans tout pays civilisé où la sécurité est suffisante, tout homme veut investir son capital. S'il craint la confiscation de ses supérieurs, il enterre ses trésors. Le fait que le trésor revienne au souverain plutôt qu'à l'inventeur ou au propriétaire du terrain relève d'une époque où la découverte de trésors était chose courante. Les trésors ont été mis dans la même catégorie que les exploitations minières.

La Monnaie

  • On rappelle que dans le livre 1, les revenus étaient classifiés en rentes, salaires et profits. Ces revenus sont ensuite utilisés en consommation ou en investissement
  • Les immobilisations n'enrichissent pas une société, alors qu'une augmentation de l'actif circulant indique une augmentation de la production. Ça parait être l'opposé au niveau individuel, mais l'achat d'inventaire de l'un est le profit de l'autre.
  • L'entretien d'un stock de monnaie pour la société et les frais requis pour produire un stock de métaux précieux correspond à une immobilisation de capital fixe destinée à permettre le commerce.
  • Ce n'est pas le stock d'or immobilisé qui rend une société riche, mais sa circulation. Le stock de monnaie est bien inférieure à la somme des pensions annuelles, et si la quantité de monnaie constitue une portion non-négligeable de capital, elle ne produit rien, mais sert de véhicule, afin d'attribuer a chacun la part de la production qui lui revient.
  • Avant l'unification de l'Écosse au Royaume-Uni, la quantité d'or et d'argent est estimée à 1 million. L'escompte a 2 ou 3 mois des créances commerciales, et l'ouverture de comptes de crédit pour 1000 livres pour tout marchand qui aurait deux garants au patrimoine suffisant, a conduit a une masse monétaire de 2 millions, dont seul un quart est encore métallique. Le reste de cette monnaie métallique s'investi a l'étranger ou il y a de meilleures opportunités de commerce. 
  • Cette création de papier monnaie permet de financer le capital circulant sans avoir à travailler pour miner les métaux précieux. On démultiplie l'effet de la monnaie par le crédit commercial, jusqu'a atteindre la capacité de production du pays.
  • Aller au-delà et financer des projets longs-terme d'infrastructure et d'extension de la capacité de production est le rôle de créditeur privés qui étudient la validité du projet et son financement. Ils fournissent un financement dont la durée de remboursement est adaptée a la rentabilité et aux cashflows du projet. Le rôle de la banque est limite à l'escompte commercial à moins de 90 jours.
  • Une banque doit surveiller la vélocité de la monnaie et des escomptes, et diminuer la production de crédit lorsque la vélocité diminue.
  • Certains individus peuvent s'accorder à se faire des escomptes qu'ils remboursent en produisant plus d'escomptes sans jamais échanger de vrais produits, dans le but unique de demander a une banque de l'escompte. Smith appelle cette pratique de cavalerie une "projection". Il est facile de détecter la cavalerie lorsqu'elle implique juste deux marchands et une banque, mais difficile lorsque de nombreuses banques et marchands sont impliqués.
  • En 1705, Mr Law avait proposé une banque qui étendrait encore l'usage papier monnaie, la proposition est décrite par lui-même dans son discours au Parlement écossais. Il trouvera un soutien chez le Duc d'Orleans régent de Louis XV, ce qui lancera la spéculation de la compagnie du Mississippi qui est décrite par Nicolas Du Tot dans ses Reflexions politiques sur les finances et le commerce.
  • Une banque fut créée en Écosse pour généraliser l'escompte et le financement de tout projet.  Les actionnaires étaient censés payer le capital en plusieurs fois, mais ont pu ouvrir un compte de crédit dès le premier paiement. Cette banque émettait 200,000 livres de billets qui étaient sans-cesse être contre de la monnaie, et dû se refinancer par escompte a Londres pour 600,000 livres au taux de 8%. Elle fit faillite après 2 ans et ses fondateurs millionnaires qui avaient un excellent crédit ont dû payer.
  • L'usage d'escompte et de papier monnaie est moins répandu en France depuis la bulle spéculative causée par John Law de Lauriston. Le papier monnaie est très utilisé dans les colonies d'Amérique, ou la valeur d'une livre colonie est devenue 30% inférieure à la valeur d'une livre métallique. Le gouvernement a déclaré légale une monnaie papier échangeable en or dans 15 ans, et ne portant pas d'intérêts, ce qui est équivalent a une obligation zéro-coupon de 15 ans avec taux de 8%, ce qui devrait avoir une valeur présente de 40%. Obliger un créditeur à accepter un tel paiement est une restructuration cachée de la dette.

Sur l'Accumulation de Capital

  • Le travail des domestiques, bien que leur travail ait un prix, ne produit pas de biens et services qui contribue à une production comme celui des artisans et des travailleurs agricoles. Il s'agit d'une consommation, tout comme avoir de nombreux chevaux, des chiens, des attelages.
  • Plus de personnes sont employées à produire dans une ville, plus ils sont économes. Lisbonne, Londres et Copenhague sont probablement les seules villes sérieuses, alors que toutes les grandes villes de Parlement de France, sauf Rouen et Bordeaux, voient leur populace corrompue par l'argent facile dépensé par la noblesse et le Parlement et les cours de Justice. On observe la même distinction entre Glasgow, ville industrieuse, et Édimbourg, ville de Parlement et cours de Justice.
  • Smith distingue a nouveau des thèmes repris par Marx 100 ans plus tard : une baisse tendentielle des taux de profit, et une accumulation de capital productif qui surpasse capital de consommation (châteaux, etc) qui dominait au Moyen Âge.
  • L'argent dépensé pour des domestiques ne produit rien, celui dépense par le gouvernement, si noble et utile soit-il, ne produit rien non-plus. La prodigalité des uns est compensée par le sens des affaires des autres, mais la prodigalité de l'État peut modifier cet équilibre.
  • Il apparait que la situation économique s'est améliorée chaque siècle depuis la conquête normande (et même encore depuis la conquête de César), même si l'on a parfois l'impression d'une décroissance dans une certaine région et sur un temps donne.
  • On lit tous les cinq ans un pamphlet fort bien écrit d'un auteur honnête et intelligent qui décrit la ruine de la société. Mais si l'on considère toutes les calamites et toutes les guerres qui ont eu lieu, force est de constater que l'Angleterre et la plupart des nations ont progressé.
  • Une ville qui a connu une croissance stagnante, ou un déclassement économique voit souvent des bâtiments et des mobiliers utilisés par des personnes qui seraient bien incapables d'en financer la construction.
  • Il est préférable pour le bien commun de dépenser dans des investissements productifs que dans des dépenses de consommation. Il est préférable de payer des artisans pour produire des biens durables plutôt que de mener grand train, car les artisans dépenseront leurs salaires avec attention alors que les invités nourris à grands frais sont vraisemblablement des improductifs.
  • Enfin, les personnes qui collectionnent les vêtements, les bijoux, les troquets, sont parmi les plus égoïstes, et les plus improductifs.
  • Les pays industrieux accumulent un stock de monnaie qui peut supporter leurs besoins de capital circulant, alors qu'un pays dispendieux le perd peu à peu. Le mercantilisme serait donc correct dans son observation de la corrélation entre la richesse et l'accumulation d'un stock de métaux précieux, mais fait l'hypothèse de causalité inverse de celle de Smith.

Sur les prêts a intérêt

  • Les taux étaient de 10% en Angleterre lorsque le pays était pauvre, et ont baissé à 3% pour les emprunts d'Etat, et 4.5% pour une personne privée de bon crédit. C'est un signe de l'augmentation de la quantité de capital disponible pour l'investissement.
  • Le taux rendement des terres agricoles est toujours inférieur au taux, parce qu'il offre une meilleure sécurité dans tout pays. Ainsi, leur prix est passé de 10x le rendement annuel a 20 fois puis 30 fois en Angleterre, alors qu'il est de 10x le rendement en France.
  • L'usure est plus commune lorsque les prêts à intérêts sont interdits, parce que le préteur doit se dédommager non seulement contre le risque de crédit, mais aussi contre le risque légal. Un taux maximal doit être imposé pour éviter l'usure, et ce taux ne doit pas être trop élevé pour réserver le crédit aux personnes les plus fiables, sans quoi les taux se fixent à un niveau élevé, et seuls projecteurs et les plus prodigues emprunteraient, si des taux de 5% à 7% au-dessus rendements d'Etat étaient autorisés.

De l'emploi du capital

  • Le captial peut etre employe dans 4 branches: 1) production agricole et miniere 2) transformation industrielle 3) transport et commerce de gros 4) commerce de detail
  • Certains pretendent que le commerce est une activite parasite, mais il vaut mieux laisser-faire et obtenir de la concurrence qu'elle diminue les profits tout en permettant la vente de produit de details. Ne pouvoir acheter qu'une tete de betail entiere serait tres inconvenient et immobiliserait beaucoup de ressource pour la population.
  • La production primaire et le commerce de detail doivent etre résidents, la manufacture et le commerce de gros peuvent etre délocalisés.
  • La production primaire et industrielle emploient le plus de travailleurs et ont plus d'impact sur l'economir d'un pays. Le commerce est moins productif.
  • Le commerce peut etre separe en trois branche: 1) commerce interieur national, 2) commerce d'import/export, 3) commerce de portage. Le commerce interieur avec des temps d'aller retour de trois mois est beaucoup plus rapide que l'import/export qui a des temps de livraison de 1 a 3 ans. Il y a donc jusqu'un facteur 12 dans l'intensivite en capital. 
  • Les Hollandais et les Anglais sont fort dans le commerce de portage parce qu'ils sont riche et ont moins d'opportunite agricole sur leur territoire, il ne faut pas inciter ce commerce en esperant creer de la richesse, les individus savent ou trouver les meilleurs profits.
  • L'Angleterre est l'usine du monde, des produits agricoles d'Espagne, d'Amerique, des pays baltes sont importes pour y etre transformes.
  • On voit des richesse considerables se former rapidement dans le negoce alors que les fortunes terriennes prennent des siecles a se former. Les terres agricoles peuvent encore etre beaucoup ameliorees en Angleterre, et pourtant, de meilleures opportunites de rendements se presentent dans le negoce et l'industrie.

Livre III: des différents progrès de l'opulence des différentes nations


  • Du progrès naturel de l'opulence : si un pays présente des échanges économiques entre les campagnes et les villes, on imagine bien, et l'on voit dans le cas des colonies américaines que le développement agricole est le premier, les artisans spécialisés comme les forgerons, les charrons s'installeront à proximité les uns des autres, et seront bientôt rejoints par un boucher, et d'autres marchands, créant ainsi une ville. Le commerce national et a l'export semblent bien plus spéculatifs et se développent plus tard. On observe qu'en présence de terres agricoles abondante, les artisans aux États-Unis, lorsqu'ils ont suffisamment de capital, deviennent planteurs plutôt que de se lancer dans le commerce. Cette activité leur parait la plus sûre.
  • De la désincitation de l'agriculture dans les anciens États d'Europe après la chute de l'empire Romain : les invasions barbares entrainent une perte de propriété de la plupart de la population, alors que propriétaire et chef féodal deviennent synonymes. Les seigneurs, tout comme les rois, ont d'abord divisé leurs territoires également parmi leurs enfants, mais ils ont rapidement vu que le territoire ne devait pas être divisé, sans quoi il serait trop faible et facilement conquis par ses voisins. La primogéniture, et l'aliénation des terrains familiaux sont chose courante pour empêcher la division des terres. Les esclaves n'ameliorent pas leurs terres, et les serfs ou les metayers (qui doivent payer 50% du surplus encore que tout le stock est fourni par le proprietaires) ne recoivent pas assez quand on sait qu'une dime pese trop sur l'amelioration du sol. De meme, la taille royale qui fut imposee aux gueux alors que les seigneurs n'etaient pas imposable decourage la productivite, et touche les seigneurs sur le long terme en maintenant leur fief dans la pauvrete. Enfin, les baux agricoles, qu'ils soient de 1 ans, 10ans ou 27 ans sont toujours trop court pour inciter a l'amelioration du terrain.
  • De la croissance et du progres des villes, apres la chute de l'empire Romain : les habitants des villes n'etait pas plus favorises que les habitants des campagnes apres la chute de l'empire Romain. Si les droits des bourgeois ne sont pas ennonces a l'epoque feodale, la villainie de leur condition ne fait pas de doute lorsque l'on voit les nouveaux droits qui leur sont conferes par charte au moyen-age: droit de marier ses enfants, droit de leguer ses biens. Ces droit s'assortissent de devoir de fortifier la ville et d'y monter la garde, ce qui a pour effet de proteger la villes des barons et seigneurs avoisinant. Certains villes franches se liberent completement de la taxation. Si l'on peut se demander pourquoi un serigneur renoncerait a jamais au benefice de lever l'impots, il faut comprendre que les chartes et droits des bourgeois etaient en general accorde pour affaiblir les seigneurs avoisinant: un villain qui pouvait vivre dans une ville franche pendant un an  etait afranchi du servage. Cela contribue a vider les fiefs avoisinants des villains les mieux dotes. C'est ainsi que les villes de Toscane ont gagne en pouvoir, jusqu'a pouvoir exiger des seigneurs voisins de detruire leurs chateaux et de venir vivre en ville. L'agriculture en Europe etait donc bloquee dans une situation de mauvaise institutions jusqu'a ce que les villes liberent l'Europe.
  • Comment le commerce des villes contribua a l'amelioration du pays : le commerce contribua  au developpement de trois manieres 1) en creant une demande pour les produits des campagne, et une offre de produits transformes, 2) par l'investissant de capital des marchands, 3) en poussant a une amelioration des institutions. Les campagnes produisent une quantite de produits alimentaires. Le duc de Warwick etait connu pour faire manger 30.000 personnes par jours dans ses manoirs, meme si ces rapports sont exageres, on lit que des emirs lorsqu'il viennent en ville invite tout le monde, y compris les mendiants a manger. Les proprietaires qui ont tant de richesse qu'ils doivent tout distribuer ne developpent pas leur terrain. Aux Etats-Unis ou 50 ou 60 livres suffisent a s'installer comme planteur, de nombreux petits proprietaires s'installent et ameliorent leur terrain. C'est pour acheter des objet de luxe produit dans les villes que les Seigneurs ont arrete de nourir leur gens, et ce faisant, on commence a perdre leur pouvoir. Qui nourri des milliers de personne est legitime pour rendre la justice et pour mobiliser ses gens a la guerre. Mais lorsqu'une personne riche a optimise l'entretien de son domaine, il n'a qu'une vingtaine de personnes a ses ordres, et son domaine est depeuple, car moins de locataires lui rapportent plus, mais ces locataires s'en tiennent aux termes de leur contrat. Ainsi, l'appat du luxe a acheve de faire ce que les villes franches n'avaient pas pu faire. On remarque que les seigneurs Tatares qui n'ont pas acces au luxe entretiennent toujours une grande tribu. La transition vers plus de richesse n'est pas terminee, parce que les grandses proprietes qui se transmettent par droit d'ainesse limitent l'offre et creent des prix de monopole. Le rendement fermier est de moins de 5% alors que de nombreux frais s'y ajoutent que l'on ne subit pas quand on prete de l'or a 5%. Si un travailleur economise pour s'acheter un terrain qui ameliorera sa retraite, l'operation n'est jamais fructueuse en Europe alors que les profits sont superieurs a ceux du commerce dans les colonies d'Amerique.

Livre IV: des Systemes d'Economie Politique


  • principe du systeme mercantile: si l'or et l'argent sont synonyme de richesse pour les hommes civilises, c'est par convention. Alors que les Espagnols lorsqu'ils arrivaient dans une nouvelle contree demandait s'il y avait des mines d'or ou d'argent, l'amabassadeur de France chez les Mongols se voyait demander s'il y a beaucoup de moutons et de boeufs en France. En fait, les metaux precieux sont utilises comme base monetaire qui assoit le credit pour les echanges commerciaux. La richesse vient de la production et de la possibilite de la division des taches. C'est parcequ'il est souvent plus difficile d'aquerir de l'or que d'en depenser, car il est plus facile d'acheter que de vendre, que l'or et l'argent prennent un valeur particuliere dans le systeme mercantile. L'argent est necessaire pour financer les guerres, et c'est la raison pour laquelle il est strategique. Il peut provenir 1) du stock de monnaie en circulation s'il peut etre remplace par de la monnaie papier, 2) de l'argenterie de l'aristocratie, mais cette quantite est faible 3) du tresor du prince, mais aucun roi ne thesaurise en Europe sauf le roi de Prusse. Les guerres modernes se sont financees pour l'angleterre par le commerce et l'escompte, car le stock de monnaie n'aurait pas permis de tenir 3 ans alors que les guerres duraient 6 ans. La decouverte des mines d'Amerique n'a fait que diminuer la valeur de l'argent et de multiplier par 10 ou 20 le stock d'argenterie en Europe. Le commerce colonial libre avec l'Amerique, celui avec l'Inde est encore tres ralenti par les monopoles imposes par les comptoirs Portugais puis Hollandais, puis Francais et Anglais. Le controle de l'exportation des metaux precieux est en fait nefaste, car il fait subit au commerce le cout du risque de contrebande, et le controle de l'import/export est encore plus complique, et tout aussi nefaste. On revoit ensuite 6 contraintes au commerce exterieur
  • Restriction d'importation de produits qui peuvent etre fabriques localement
  • Restriction d'importation en provenance de pays avec qui la balance commerciale est negative
  • Incitation a l'exportation en reduisant les taxe a l'exportation
  • Prime a la production de produits destines a l'exportation
  • Traites de commerce creant des situations de commerce favorises
  • Etablissement de comptoirs coloniaux creant des situation de monopole.

Conclusion

Smith est un economiste remarquable comparé a Marx ou Keynes parce qu'il obtient des données avant de les soumettre a son analyse. Contrairement a ces auteurs, il connait les rendements de differentes industries, et analyse l'histoire des institutions sur une periode bien plus longue que des economistes plus modernes.

Il introduit de nombreuses nouvelles idees sur le plan de la science politique, du traitement de la pauvreté, et de l'économie et des finances. Le monde qu'il décrit est changeant alors que les techniques mises en oeuvres existent depuis fort longtemps. 

S'il discute deja de la production de charbon, il ne verra pas le progres technologique remarquable apportté par les machines a source combustible fossile au 19e siecle, et les changements que cela implique sur l'emploi des populations.


2024-12-27

Livre I de La Richesse des Nations selon Adam Smith

Adam Smith se définit comme un philosophe social, son étude touche l'économie, la sociologie et la politique. Dans un livre de plus de 1000 pages, il ennonce non seulement des définitions et principes rationels concernant les faits sociaux mais revient sur 500 ans de lois, de comparaisons internationales et d'historiques, de prix et de statistiques qu'il compile pour illustrer son propos.

Adam Smith (credit: wikicommons)

Livre I: des causes de l'amélioration de la productivité et de l'ordre par lequel la production est distribuée parmie les différents rangs de la population.

  1. Division des taches, spécialisation (manufacture d'aiguilles produit 3000 aiguilles par personne, la ou une personne seule en produirait 200)
  2. Invention par les ouvriers (enfant qui attache la valve du piston à une autre partie de la machine pour pouvoir jouer), puis par des inventeurs professionnels
  3. Taille du marché, le pouvoir de transport de l'eau : 2 hommes avec 8 chevaux peuvent transporter 6 tonnes la ou 6 hommes avec un voilier peuvent transporter 200 tonnes. Le transport fluvial maritime permet les développements de la Hollande, l'Angleterre, la méditerranée, l'Égypte. Le Danube est moins utile parce qu'il est contrôlé par des États différents, la Tartarie (Sibérie) n'a qu'une mer gelée et pas assez de fleuves.
  4. Monnaies métalliques dans différents métaux donne lieu à un arbitrage. L'étalon de valeur était le cuivre chez les romains, l'argent en Angleterre, puis passe à l'or parce que les guinées sont moins usées. Distinction entre prix réels et nominaux. Les prix des grains et du travail fluctuent, mais sont plus stables à long terme que la valeur des pièces ou même la valeur du métal (inflation et déflation dues aux pertes et au minage).
  5. Le prix peut être décomposé entre Salaire, profit et rentes. Le travail seul est proportionnel à l'effort alors que les profits et rentes sont liés aux capitaux engagés. Le capital est issu de la valeur du travail. Les produits des travailleurs doivent payer une partie de loyer et une partie de profit liés aux ressources engagées dans la production. Un paysan qui produit avec sa propre terre appelle son résultat un profit, quand bien même une partie serait le loyer notionnel de la ferme et une autre partie un salaire pour son propre travail. Les matières premières achetées par une industrie contiennent toutes une composante salaire, profit et rentes. Ces composantes s'additionnent pour les produits transformés. L'intérêt sur emprunt est une rente de l'argent, sur la disponibilité immédiate de capitaux. 
  6. Prix naturels et prix de marchés : un prix de marche correspond à l'équilibre de l'offre et la demande. S'il n'y a pas de demande pour certains biens, l'offre est vouée à disparaitre en une génération, si la demande est forte, un surplus peut perdurer pendant des siècles. Si un procédé industriel astucieux permet de réduire les couts, il peut rester secret et créer un avantage concurrentiel. Un monopole d'État est une autre forme d'avantage durable. Les systèmes de castes en Égypte ou en Inde, les corps d'artisans au Moyen Âge, sont des institutions qui réduisent la concurrence.
  7. Salaires du Travail : les maitres sont moins nombreux que les travailleurs. Ils peuvent se mettre d'accord en secret pour optimiser leurs profits. Les réunions de travailleurs sont illégales au 18e siècle. Si des mouvements revendicatifs apparaissent de temps à autre, ils sont cassés le plus souvent par les maitres et la troupe, et n'améliorent pas la condition des travailleurs. Le seul effet est souvent que leurs meneurs deviennent inemployables. Il y a asymétrie des parties au contrat de travail parce que les maitres peuvent survivre un an sans leurs employés, alors que les employés ne peuvent survivre qu'une semaine ou un mois tout au plus. Le salaire se trouve entre un niveau de survie et le niveau qui donnerait des profits nuls. On remarque que les pays en forte croissance New York ont des salaires plus élevés et plus d'enfants, tandis qu'un pays plus riche comme l'Angleterre a des salaires plus bas. Enfin, la Chine, pays a priori tres riche, a des artisans qui sillonnent la ville avec leurs outils pour trouver un emploi, comme des mendiants. L'enrichissement d'une large part de la population contribue au développement économique. Smith cite l'ouvrage de Cantillon selon lequel le cout de survie doit inclure le prix d'élever 2 enfants survivants. Il note aussi que si les salaires sont plus élèves a Londres, il semble plus difficile d'y importer des travailleurs de sa proche banlieue, que les marchandise les plus encombrantes du fin fond du pays. Les travailleurs seraient donc la marchandise la plus difficile à transporter. Les salaires anglais sont a priori bien au-delà du seuil de subsistance vu que le prix des grains a baissé alors que les salaires ont augmenté depuis le siècle précédent. Il y a des variations cycliques de l'économie, et lorsque les prix sont élevés, les maitres embauchent moins, alors que quand les couts sont bas, ils embauchent plus, ce qui cause paradoxalement des salaires plus élevés.
  8.  Profits liés aux stocks : s'il paraît difficile d'obtenir des données comptables, on peut observer les taux d'emprunt. La Hollande a des taux à 2%, l'Angleterre a 3%, les hommes d'affaires anglais empruntent entre 3.5% et 4.5%, les écossais à 5%. Les taux hollandais montrent un excès de capital. La demande de travail et les salaires augmentent avec le capital. Au Bengale, les salaires sont bas, et les intérêts a des taux de 40% a 60% pour des prêts de semence. La richesse de la Chine complémente ses lois et ses institutions avec des taux de 12%. Les taux sont passés en dessous de 10% sous Henri VIII en Angleterre. Les interludes d'interdiction totale d'intérêt pour des raisons religieuses n'empêchaient pas l'usure, qui augmentait encore d'une prime de risque pour contourner la loi. Les nations barbares laissent la performance des contrats privés à la foi des parties contractantes. En Angleterre, un taux de profit habituel semble être 2x l'intérêt. Une augmentation des salaires de toute une chaine de fabrication cause une hausse d'un taux simple, alors qu'une hausse des taux de profit est un intérêt composé qui augmente avec le nombre d'intermédiaires.
  9. Inégalité des salaires et profits : la régulation du droit du travail par des corporations qui sont des monopoles qui imposent des périodes d'apprentissage non rémunéré, régulent le nombre maximum d'artisans pouvant travailler sous un maitre crée et perpétue des inégalités de salaires. Il note que l'université, et notamment la maitrise obtenue après sept ans, est une tradition corporatiste appliquée aux maitres, les écoliers sont des apprentis, qui doivent obtenir la permission du maitre pour pouvoir mendier. Il note que les maitres de rhétorique et autres tuteurs en Grèce antique percevaient des frais de scolarité exceptionnellement élevés. Ces frais élevés ont le mérite réduire le nombre d'écoliers formés et d'éviter une surproduction de docteurs. Selon Smith, les études gratuites de théologie par des fondations charitables entrainent un surplus de clergé, avec des paroisses trop petites pour supporter le surcout qu'ils apportent. Une source de non-mobilité des travailleurs est la gestion paroissiale de l'aide aux pauvres. La nationalisation des domaines de l'Église donne lieu à une gestion paroissiale de l'aide au pauvre, qui introduit un système de permis de séjour. Celui-ci est reformé maintes fois : d'abord si un pauvre reste 40 jours dans une paroisse, il y devient résident, certaines paroisses envoient leurs pauvres chez les autres. Ensuite, on compte les 40 jours après que le nouveau venant soit accepté officiellement par les responsables, mais certains responsables ne font pas leur travail et l'on demande la publication d'un ban sauf si la personne paye un loyer de 10 livres, ou un emploi pour un an et y reste employé, ou un apprentissage. Cela a causé une forte diminution de la mobilité et la disparition des contrats de domestiques pour un an. La dernière reforme a été que la paroisse d'origine garantisse de reprendre la personne si elle perd son emploi par une lettre, si bien qu'un apprentissage ou un emploi ne peut plus être obtenu sans cette lettre, qui est à la discrétion des autorités paroissiales. Smith note que les restrictions sur le mouvement du travail sont bien plus nombreuses que sur les capitaux, qui trouvent facilement à s'établir ou bon leur semble.
  10. Digression sur la valeur de l'argent : les calculs de la valeur du travail, de la viande et des grains sont compliqués par diverses unités (shilling et deniers au boisseau, livre et shilling au quintal), pour les prix de gros a l'achat utilisé par le collège d'Eton ou des nobles qui préparent des festins, alors que l'unité monétaire a un contenu métallique qui change aussi, la valeur de l'argent a grandement diminué lors de découvertes des mines du Mexique et du Pérou, et notamment du Potosi. Smith remarque des tendances de hausses de la productivité horaire, et une inflation due a ces nouvelles mines qui produisent plus d'argent. Les métaux précieux ont de la valeur dans les sociétés avancées, des sauvages n'ayant que peu de disparité de richesses, les sauvages de St Domingue donnaient leur or aux espagnols en cadeau sans contrepartie, loin de pouvoir imaginer que de l'or puisse acheter le travail et la nourriture pour plus d'un an en Europe. L'Inde et la Chine connaissent très bien la valeur des choses précieuses, alors que deux récoltes annuelles de riz à haut rendement réduisent la valeur de la nourriture et du travail. L'industrie minière en Europe ne pouvait supporter que 10%, puis 5% de taxes. En Amériques, la couronne d'Espagne prenait 20% de taxe sur l'extraction d'argent et 10% pour l'or, ces taxes rapidement du être revues à 10% et 5%. Le ratio de valeur or/argent était de 11 a 12 avant que l'or du nouveau monde arrive, il passe entre 14 et 15. En Inde, il est de 10 à 12, ce qui incite les européens à exporter de l'argent, dans les comptoirs commerciaux de Calcutta, il est a 14. Le ratio est a 10 en Inde et 8 au Japon selon Cantillon. Adam Smith pense que la production d'argent va augmenter si la consommation augmente, ce qui rend l'évolution des cours incertaine. Il remarque que les cours sont en ce moment plus stables que celui des grains ou du marché du travail. Smith voit 3 sortes de produits naturels: i) les gibiers et autres produits rares dont la quantité ne peut augmenter avec le développement, ii) les cultures et l'elevage dont le produit et le benefice est previsible,  iii) les exploitations a produit imprévisible, comme la peche, et l'explotation miniere. L'argent fait partie de cette troisieme categorie, ce qui explique la variation de son court avec les découvertes d'Amérique. Smith explique que l'arbitrage des prix entre laine et peaux, carcasse pour la viande de boucherie et élevage donne une bonne indication du niveau de développement. Il explique aussi que l'entretien d'une petite basse-court, d'un cochon et d'une vache ne coute rien a un fermier, et en conséquence, ne saurait bien se monayer dans une économie peu développée, mais que la présence d'élevage plus intensifs est un signe de développement.
  11. Pour conclure entre rentes, salaires et profits, l'intéret des rentiers et des salariés est selon Smith aligné avec le développement économique, alors que l'intéret des marchands est d'éliminer la compétition.

On retrouve donc chez cet économiste un alignement aux institutions et aux structures de pouvoir, une défense des rentiers qui ont le pouvoir, du bas peuple par paternalisme, et une opposition aux marchands (ceux que l'économiste physiocrate Du Quesnay sous Louis XV désignait comme une classe parasite, avec tous les artisans, qui ne produisent pas mais transforment). 

Son argument a du vrai lorsqu'il explique que les rentiers ne sont pas tres au fait de la raison de leurs fortune, qu'ils ont beaucoup a gagner par l'elevation des fortunes de ses locataires, alors que les marchands le sont plus. Enfin, il explique que les travailleurs sont la classe la plus fragile face aux "déclinaisons" économiques et la moins éduquée. Les siecles montrent cependants des comportements prédateurs de la part des trois partis (propriétaires perpetuant leur rente par l'asservissement, syndicats de travailleurs extrayant des aquis par l'action industrielle, pratique anti-concurrentielle).

Cet ouvrage présente l'esquisse d'une comptabilité nationale. Il abandonne la valeur objective de l'or des mercantilistes pour proposer une valeur travail qui sera reprise par Marx. Il est plus neutre que les physiocrates et préfigure l'importance de l'industrie. Il fait de l'histoire économique en remontant aux prix du blé de 1202 a 1750. En cela, son ouvrage est plus empirique que les livres de nombreux économistes qui viennent apres, meme si son domaine, la philosophie politique, est bien plus vaste.

Il revient sur des restrictions arbitraires imposées par des reglements mal ajustés aux réalités, il y a chez lui une préoccupation pour le bien commun, le développemnent économique, l'alléviation de la pauvreté, la limitation des profits par des regles justes. Il demande le libéralisme en meme temps qu'il suggere d'y mettrre des limites et des regles.

2024-12-14

La lutte contre la mésinformation: une censure moderne?

La question de la limite de la liberté de penser et de s'exprimer était défendue par les Philosophes au 18ᵉ siècle. Elle est à nouveau d'actualité dans la sphère publique. Alors que les réseaux sociaux se félicitaient de précipiter des changements de régimes lors du Printemps Arabe, l'élection de Trump pousse Facebook à considérer la question de la polarisation en 2018. L'élection de Biden en 2020 sera l'occasion de censurer Trump via Twitter. On voit donc un deux poids deux mesures apparaitre, avec en même temps, une résurgence de la censure documentée par Matt Taibbi en 2022. 

Voltaire : défenseur de la liberté d'expression


Bonne Parole et Parole Juste  - Samma Vaca

Selon Bouddha, la parole juste est une des conditions de la bonne conduite d'une vie. Pour être juste :

  • La parole doit être vraie. Il ne faut pas mentir
  • La parole doit être bénéfique. Il ne faut pas dire des vérités qui ont un impact négatif
  • La parole doit être opportune. Il ne faut parler que quand les bonnes conditions de parole sont alignées.
On voit que depuis longtemps, des limites sont imposées à la parole. Bouddha suggère aussi de ne jamais se répéter, sans quoi on tombe dans l'argument et le débat.

Limites Modernes de la Liberté de Parole

  • La parole et les écrits sont sujets à la censure sous l'ancien régime.
  • La liberté de parole est une revendication de la fin du 18e au début du 19e siècle. 
  • Les anarchistes incitent à la violence et au terrorisme a la fin du 19e siècle, ce qui donne lieu aux premières limitations de la liberté de parole.

Pour certains, la liberté de parole serait une liberté bourgeoise obtenue par les avocats de l'indépendance et de la révolution. Selon Karl Popper, elle est la condition d'une société ouverte, qui discute de ses choix et peut les assumer sans tabou.

Définitions d'actualité : une censure moderne ?

  • mésinformation : information imprécise ou trompeuse disséminée sans volonté d'induire en erreur 
  • désinformation : information imprécise ou trompeuse disséminée avec volonté d'induire en erreur 
  • malinformation : information vraie, mais hors contexte, utilisée pour attaquer un groupe/pays

Dans une récente interview, Mark Zuckerberg parlait de désinformation, notamment des campagnes organisées volontairement trompeuses.

Il faut noter que la plupart des religions sont au mieux de la mésinformation (les faits relatés ne pouvant être avérés) mais que la liberté de religion est garantie dans l'occident. Il y a donc au moins un droit à la mésinformation au cœur de la constitution américaine. Il n'est nullement question d'interdire le christianisme aux États-Unis.

Les campagnes médiatiques des gouvernements occidentaux ont clairement utilisé de la désinformation pendant la covid et les guerres, et de la malinformation pour justifier sa prise de position dans d'autres conflits armés. Alors que les journaux avaient un rôle contestataire dans les années 70, ces médias s'alignent sur la position du gouvernement. Des médias alternatifs prennent en charge la contestation et sont combattus par une alliance des médias et des gouvernements.

La lutte contre la désinformation organisée par les gouvernements ressemble plutôt à une tentative de réintroduire la censure d'idées justes que de combattre des théories de la terre plate.



2024-09-25

Génétique selon Plomin

Robert Plomin est un psychologue et généticien connu pour ses études sur les jumeaux. Dans son livre "Blueprint" publie en anglais en 2019, il parle de l'importance de la génétique et de l'héritabilité, qui détermine certains facteurs qui étaient jusque-là considérés comme environnementaux et éducationnels.


Robert Plomin, image credit: wikicommons


Impact Génétique sur l'Environnement

  • les vrais jumeaux sont plus semblables (ont des mesures plus corrélées) que les faux jumeaux, ne se ressemblent pas plus que deux frères ou sœurs.
  • les études sur des jumeaux éduqués dans des familles séparées d'une part, et sur des enfants adoptés d'autre part, fournissent deux groupes de contrôle permettant de séparer l'impact de l'environnement et celui de la génétique.
  • Des études sur la corrélation entre la lecture d'histoires aux jeunes enfants et leur gout pour la lecture, ou entre le temps passé devant la télévision et la réussite scolaire supposaient une causalité environnementale dès leur formulation. Une corrélation génétique substantielle existe cependant.
  • De même, la tendance aux accidents pour les enfants (le nombre d'égratignures et de bleus), la tendance au divorce ont une composante génétique.

Impact Grandissant avec l'Age du Patrimoine Génétique

  • En 1981, Plomin est invité en URSS pour étudier les différences génétiques chez les enfants dans les crèches. Les communistes avaient le parti pris idéologique que l'environnement créé les inégalités, et qu'un système social adapté peut éliminer ces inégalités.
  • Les tests menés dans les années 90 montrent que la corrélation entre jumeaux augmente au cours de la vie, passant de 10% chez l'enfant à 30% chez l'adolescent pour passer à 60% chez l'adulte.
  • Selon l'auteur, l'éducation primaire uniformise l'environnement des enfants et leur donne un niveau sportif et cognitif très comparable : ils peuvent apprendre n'importe quel sport, savent lire, écrire, compter et calculer à 10 ans. En revanche, on remarque une plus grande variance des niveaux sportif et cognitif chez les adultes, qui dépendent fortement des habitudes qu'ils ont formées.
  • L'adulte a une forte influence sur son environnement et l'environnement qu'il crée reflète de plus en plus ses choix et ses prédispositions avec l'age.

L'Anormal est Normal et les Gènes Généralistes

  • une population contient beaucoup d'individus. Il est normal que 2% les plus extrêmes suivant un trait soient différents de la moyenne. La société doit gérer un spectre large d'individus et d'expression génétiques.
  • certains traits sont polygéniques, ce qui diminue leur héritabilité en créant de nombreuses possibilités de mutations.
  • certains gènes impactent plusieurs traits, on ne peut donc pas catégoriser les gènes comme étant simplement "bons" ou "mauvais"

Pourquoi les différences dans une fratrie ? La prédétermination génétique    

  • Les enfants sont exposés au même environnement et pourtant ont des trajectoires différentes
  • L'étude de jumeaux identique montre que les parents réagissent aux différences parmi leurs enfants plus qu'ils ne décident d'un préféré.
  • Les enfants créent leur environnement. Si la réussite dans les études est corrélée a 20% a la fratrie  a 8 ans, cette corrélation passe à 0 pour des ages entre 16 et 20 ans. 
  • Les parents ne sont pas des sculpteurs qui façonnent la vie de leurs enfants, ni même des jardiniers, ils sont des accompagnateurs.
  • Tout comme les anomalies génétiques importantes, comme un chromosome manquant ou supplémentaire, des cas de maltraitance grave de l'enfant peuvent complètement dérailler une vie. L'expression des traits génétiques concerne la population en général.
  • L'auteur cite un test fait par l'OFSTED (inspection éducative anglaise) pour tester si les instituteurs enseignent la nouvelle méthode lecture phonétique correctement, mais ce test était avant tout un test de prédisposition génétique à la lecture.
  • Les enfants allant à la même école ont des résultats corrélés à 10%. La qualité de l'environnement parental et de l'enseignement compte à 20%, donc moins que les 60% de prédisposition génétique a la réussite scolaire. En effet, on observe que les meilleurs élèves d'établissement défavorisés ont un niveau supérieur à la plupart des élèves d'établissement ou la réussite est meilleure, sauf si l'établissement est sélectif. Enfin, ces 20% de déterminisme environnemental disparaissent lorsque les élèves arrivent à l'université. 
  • Selon l'auteur, ces idées doivent libérer les parents et les éducateurs de la charge de modeler les enfants, pour revenir à un projet plus humble, qui est de les accompagner, et de les aider à découvrir ce qu'ils aiment.

Méritocratie et Égalité des Opportunités

  • Les opportunités sont saisies et non données, donner les mêmes opportunités à des personnes différentes conduit à des résultats très différents. 
  • Le mérite est fortement héréditaire, ce qui justifie une certaine persistance. Cependant, la régression à la moyenne fait qu'une mobilité sociale est présente en méritocratie.
  • L'enseignement semble méritocratique dans les pays développés au 20e siècle, mais il semble que le système devient moins méritocratique et plus héréditaire aux États-Unis au 21e siècle. 
  • Des valeurs plus égalitaires que la méritocratie pure peuvent être soutenue par une politique de redistribution des revenus. C'est une question politique de valeurs séparée de la question scientifique de l'héritabilité des compétences.

La Révolution de l'ADN

Éléments de Génétique

  • En 1866, Mendel pose les bases de l'hérédité
  • En 1953, Watson et Crick décrivent la structure en double hélice de l'ADN, qui permet, comme ils le remarquent, d'encoder de l'information, et de dupliquer cette information.
  • En 1961, ils montrent que cette molécule permet de contrôler la formation de 20 amino-acides qui permettent de construire des protéines. 
  • 2% de l'ADN encode des amino-acides, alors que les 98% restant n'ont pas ce rôle, mais peuvent causer des mutations.
  • Un changement parmi les 3 milliards de barreaux de l'échelle de l'ADN s'appelle un SNP (single nucleotide polymorhpism, ou polymorphisme nucléotidique). Les SNP sont des mutations élémentaires.
  • Certains traits  dépendent de plusieurs SNP, ils ont polygéniques, certains SNP sont associés à plusieurs traits, ils sont pléiotropes. 
  • Le séquençage complet de l'ADN peut maintenant se faire pour $1000, mais les SNP chips sont disponibles depuis longtemps et permettent de tester des centaines de milliers de SNP.

La Chasse aux Gènes, Les Voyants, Prédire qui nous sommes

  • la première chasse aux gènes espérait identifier des SNP qui ont un impact de 5% de réduction de la variance. Ils ont trouvé des gènes qui expliquent 1% de la variance dans des premières études, avec des résultats qui ne peuvent pas être répliqués.
  • Au lieu de 2000 échantillons, il faut des centaines de milliers, voire des millions d'individus testés pour visualiser de très petites contributions à la variance.
  • On arrive ainsi à expliquer 4% de l'Indice de Masse Corporelle, et 17% de la taille, avec des SNP qui ont contributions minuscules.
  • Des scores polygéniques sont ainsi créés comme sommes pondérées des scores de SNP, qui sont corrélés aux traits exprimés.  
  • Cela permet de prédire les traits d'un individu en fonction de ses scores. Les scores polygéniques  les plus efficaces pour des traits psychologiques sont : succès scolaire, schizophrénie, Alzheimer, dépression majeure, trouble bipolaire.
  • Le test d'Alzheimer est le plus puissant car il est très localisé, les autres donnent des probabilités de moins de 10%. 
  • Le QI est encore plus difficile à scorer que le nombre d'années d'études en raison du faible nombre de personnes qui ont fait le test de QI. Ces SNP ont besoin d'un très fort nombre d'échantillons.

Conclusions

Les points discutés par Plomin sont : 

  1. Les facteurs héritables dominent les facteurs environnementaux
  2. La génétique explique l'héritabilité des traits et la plupart des différences entre frères
  3. Les facteurs génétiques deviennent plus importants avec l'age, car l'individu construit son environnement.
  4. Les mutations sont souvent polygéniques (plusieurs SNP pour un trait) et pléiotropes (plusieurs traits pour un SNP)
  5. Il est très rare de trouver un gène qui explique 5% de la variance d'un trait. La plupart des SNP ont une association à 0.1% et en dessous, ce qui nécessite des études avec des centaines de milliers d'individus. 
  6. On peut mieux identifier ces SNP et obtenir une variance explique du score polygénique élevée pour les traits les plus répandus et les plus faciles à mesurer.
  7. Si l'intelligence est très fortement héritable, le score polygénique le plus performant est la prévision du nombre d'années d'études parce que c'est un trait plus simple à mesurer.

L'hérédité est une croyance réactionnaire : La noblesse et la monarchie héréditaire se disaient aristocratique (en grec: le gouvernement des meilleurs), mais l'arbitraire du droit d'ainesse mènent à statut social qui n'a rien de méritocratique: l'idee que cet arbitraire mene a la décadence et a la "fin de race" fait son chemin après la mort de Charles II (l'ensorcelé) en 1700, et devient visible après l'abdication de Ferdinand I (Béni oui-oui le fini) en Autriche en 1848.

La croyance au "mérite", au travail personnel comme source de l'inégalité dans le discours dominant bourgeois, est vite remplacée par un discours plus socialement désirable, attribuant les inégalités à une société inéquitable dans le discours des sociologues et les éducateurs après-guerre qui devient le discours dominant. 

Les résultats de Plomin semblent justifier un néo-calvinisme, un renouveau du dogme de prédestination, ou chacun s'efforce de travailler dur, en espérant ainsi démontrer qu'ils font partie du camp des élus prédestinés génétiquement. Les productions des sociologues et éducateurs depuis l'apres-guerre semblent s'inscrire en dissonance cognitive face aux faits génétiques. Il y aurait de leur part un biais à la désirabilité sociale, et une pression à la falsification des preferences de choix sociaux.

2024-09-14

Un modèle de trappe idéologique à pauvreté selon Bryan Caplan

En 2002, Bryan Caplan, économiste libertarien, professeur à l'université George Mason publie un article sur La trappe idéologique : l'économie politique de la divergence de la croissance. Cet article nous rappelle la trappe à pauvreté par la recherche de rente de Murphy et al, et la trappe à inégalité des croyances en l'injustice sociale parmi les pauvres de Piketty. 

Bryan D Caplan (credit: bcaplan.com)


Dans le modèle de Caplan, la croissance G(t), la politique P(t) et l'idéologie I(t) sont des variables discrètes prenant leurs valeurs dans {-1,0,1}. 

G(t) = f(a1 G(t-1) + b1 P(t-1) + s1(t))
P(t) = f(a2 P(t-1) + b2 I(t-1) + s2(t))
I(t) = f(a3 I(t-1) + b3 G(t-1) + s3(t))

Les variables si(t) sont des chocs aléatoires, la fonction f est une fonction monotone paire vers {-1,0,1}. L'évolution du système se fait par un feedback de la croissance sur l'idéologie. Un facteur b3 positif fait qu'une bonne conjoncture améliore le sens économique de l'opinion publique, alors qu'une mauvaise conjoncture conduit à ce que de mauvaises idées soient essayées, tant la populace est désespérée de voir un changement.

Intuitivement, quand la situation s'améliore, il semble raisonnable de continuer dans la même direction, alors que quand la situation empire, un changement de direction idéologique n'amène pas nécessairement une amélioration en pratique.

Mathématiquement, selon son analyse, un facteur b3 positif fait que trois états peuvent être stables : -1,0 et 1, alors qu'un facteur négatif ferait que seul l'etat 0 serait stable.

Selon Caplan, le facteur b3 est empiriquement positif, car les pays présentent des taux de croissance différents à long terme. Pour lui, l'opinion publique s'aligne avec celle des économistes néo-libéraux (qu'il considère comme corrects) quand la situation est bonne, alors qu'elle devient plus socialiste quand la situation est mauvaise. Il donne comme différents exemples le Chili de Allende et le Chili après Pinochet. Il souligne néanmoins que le résultat mathématique est indépendant des exemples néo-libéraux qu'il a choisis.

Par sa formulation, ce modèle créé un lien entre idéologie et croissance, il est à dessein produit pour expliquer la convergence des opinions publiques vers le consensus des économistes quand la situation économique est bonne. Cela expliquerait la meilleure tenue de Singapour que de la France. 

Le modèle n'a cependant pas de variable de capital social, ou de valeurs sociétales qui incluraient des prédispositions au parasitisme ou au travail et à la coopération.

2024-08-05

La Défaite de l'Occident selon Emmanuel Todd

Emmanuel Todd est connu sur ses positions controversées sur le wokisme, qui présente selon lui les signes d'une société décadente qui a perdu ses valeurs et baigne dans un relativisme social. Il s'était illustré dans les années 70 avec La Chute Finale qui prévoyait l'implosion de l'URSS, et un ouvrage en 2002 qui prévoyait le déclin américain et la réorientation de l'Europe vers la Russie et la Chine.

Cet ouvrage revient sur l'actualité russo-ukrainienne, mais le sujet principal est toujours l'Europe. Todd persiste dans ses prévisions de faillite du régime impérial américain, bien qu'il signale en passant le concept de décadence durable de Douthat. 

La défaite de l'Occident - Qu'est ce que l'occident? (image: wikicommons)

Principaux Points

  • Stabilité Russe : la Russie n'est pas selon lui une autocratie, mais une démocratie autoritaire, dans laquelle le peuple vote pour un dirigeant ferme. Ce besoin d'autorité étatique est lié aux structures familiales russes ou le père détient le pouvoir sur ses fils, et qui se reproduisent au niveau politique. La Russie est stable, car elle a achevé sa transition démographique.
  • Énigme Ukrainienne. Il y a selon Todd plusieurs Ukraines. L'Ukraine est en majeure partie russophone, et le Russe est la seule langue de haute culture. L'Ukraine de l'Ouest est une partie qui devient plus importante alors que les Russophones partent pour la Russie pour de meilleures perspectives économiques. Les structures familiales sont moins autoritaires, ce qui fait que l'Ukraine est plus anarchique, et que les oligarques n'ont jamais pu y être contrôlé, alors que les oligarques russes ont perdu leur pouvoir et sont maintenant des milliardaires assujettis au contrôle du politique.
  • Europe Orientale, une russophobie postmoderne : l'Europe de l'Est est devenue russophobe en raison de la domination soviétique, mais elle a historiquement autant de raison de se méfier de l'Allemagne. C'est par opportunisme, pour obtenir les aides de l'UE et l'intégration économique avec l'Allemagne et l'aide militaire de OTAN qu'elles affectent une telle russophobie.
  • Qu'est-ce que l'occident ? Selon Rudyard Lynch, l'occident est un peuple à part : seuls les Américains et les Britanniques en sont, les français sont bien sûr exclus. Steven Pinker essaie de redorer l'image de la philosophie des lumières en expliquant qu'elle a son origine des penseurs écossais et allemands, les français sont ignorés. John Darwin explique que les Russes au 19e siècles se pensent aussi occidentaux que les américains. Selon Todd, les Français et les Scandinaves sont également occidentaux en raison de leur structure familiale nucléaire, alors que les Allemands ont une structure familiale autoritaire.
  • Le suicide assiste de l'Europe : le couple franco-allemand a construit l'Europe, celle-ci se suicide démographiquement, avec une fertilité trop basse, des élites qui se tournent vers Washington. La fin du secret bancaire Suisse aurait grandement profité au pouvoir financier des États-Unis qui contrôle les autres paradis fiscaux. Alors que l'Europe se distançait des États-Unis belliqueux lors de la 2e guerre d'Irak en 2003, elle implose alors que les Allemands sont incapables de consulter les français lorsque leur gouvernement de coalition est si instable qu'il leur est difficile de trouver un équilibre, un axe Londres-Varsovie-Kiev aurait donc remplacé l'axe Paris-Berlin.
  • La Grande-Bretagne, vers la nation zéro. La désintégration de la croyance religieuse a été progressive avec un stade actif suivi d'un stade zombie ou les institutions du mariage, de l'enterrement sont respectés, des nouvelles pratiques comme la crémation plutôt que l'enterrement, le divorce et le mariage pour tous sont des marqueurs du niveau zéro de la religion. Les élites anglaises considéraient l'homme du peuple comme inférieur aux élites, et les élites craignent plus les prolos que les étrangers. On voit notamment des pakistanais et des noirs obtenir des postes de haut rang dans le gouvernement, ou ils sont surreprésentés.
  • Scandinavie : du féminisme au bellicisme. La Norvège est un membre enthousiaste de l'Otan. Le Danemark aide la NSA à espionner les leaders européens. La Suède aurait rejoint l'Otan par mimétisme, pour garder le rôle prédominant que sa population plus importante lui confère sur le Danemark et la Norvège. Les femmes au pouvoir seraient bellicistes pour montrer qu'elles peuvent remplacer les hommes sur ce domaine.
  • Vraie nature de l'Amérique : oligarchie et nihilisme. La volonté du peuple n'est pas représentée. L'Amérique est une oligarchie libérale. L'Amérique était traditionnellement raciste et considérait les blancs comme égaux et les indiens et les noirs comme inférieurs. À partir des années 60, ce racisme disparait et la condition des travailleurs américains blancs se détériore par la désindustrialisation. On arrive alors à une société atomisée, avec des mass shootings dans les écoles et des problèmes d'opioïdes. Le combat woke pour les transgenres va plus loin que les droits des homosexuels, il s'agit de nier la réalité pour témoigner de son appartenance au groupe. 
  • Dégonfler l'économie américaine. La santé représente 17% de dépenses aux États-Unis alors que les résultats de mortalité sont médiocres, ce qui correspondrait à une dépense de santé réelle de 40% de ce montant. Si l'on applique le même coefficient aux services alors que la production primaire et secondaire sont affectés d'un coefficient 1, le PIB serait évalué à $40000/hab. La fière nation industrielle la plus productive est devenue une société hyper-violente ou le peuple souverain est devenu une plèbe parasitique consommant les produits du tiers-monde.
  • La bande de Washington: depuis Obama, le blob désigne le personnel d'affaires étrangères. Cette élite néo-cons semble peu nombreuse, cultivée ou intelligente. Todd cite Robert Kagan, Nuland, Blinken, Jack Sullivan comme des exemples typiques. Notons que Blinken et Nuland ont des parents juifs originaires de l'ex-URSS. Auraient-ils choisi de punir les Ukrainiens ?
  • Pourquoi le reste du monde a choisi la Russie. La mondialisation ressemblait pour beaucoup a une colonisation 2.0. L'aveuglement occidental quand il prétend juger de ce qui est juste ou non est clair concernant l'Ukraine ou Gaza. Le gouvernement Chinois sait qu'il est le prochain à être ciblé. Les sanctions contre les élites économiques russes ont fait peur aux élites des autres pays du monde.  

Conclusions

Contrairement à l'imposant Déclin de l'Occident composé par Oswald Spengler depuis 1905 et publié à la fin de la 1ʳᵉ guerre mondiale, l'ouvrage de Todd a l'avantage de receler de données factuelles, y compris d'une revue insolente du PIB américain qui fait un effet.

Le livre approfondi mieux les sociétés que Todd connait, mais n'étudie guère la situation en Chine et dans les pays du Moyen-Orient. Son livre de 2002 avait une couverture mondiale plus complète encore, et qui prédisait les printemps arabes. Sa prédiction concernant l'Europe ne s'est pas réalisée, car elle a fini par s'autodétruire plutôt que de se réaligner à la Chine et la Russie.

References et Bibliographie

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  • Tatiana Kastoueva-Jean - La souveraineté nationale dans la vision russe
  • Mearsheimer - The great delusion
  • Aristote - Politique
  • Todd - Apres l'empire - La chute finale - la troisieme planete - ou en sont-elles? - apres la democratie - L'invention de l'Europe
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  • thanks to insights of Olivier Berruyer on french media and Jacques Sapir on russia's economy
  • James K Galbraith 0 The gift of sanctions
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  • Alexandre Latsa - Dissonance, journal d'un frussien
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  • Robert Kagan - The jungle grows back
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  • John Hobson - Imperialism
  • HG Wells - the time machine
  • Engels - la situation de la classe ouvriere anglaise en 1844
  • Lenine - imperialisme, phase ultime du capitalisme
  • Joy Gordon - invisible war
  • Francis Fukuyama - la fin de l'histoire et le dernier homme
  • Paola Giuliano et Nathan Nunn - ancestral characteristics of modern populations
  • Andrei Tsygankov - the dark double
  • Hans Kundnani - the paradox of german power
  • Piere Melandri - americans first : la geopolitique de l'administration Biden

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