Les Origines Génétiques des Guerres selon Paul Shaw et Yuwa Wong

 En 1989, Paul Shaw et Yuwa Wong publient un livre sur les origines génétiques des guerres.

L'exaltation totalitaire de l'homogeneite du groupe


Rôle Fondamental de L'Identification de Groupes

Selon les auteurs l'un des objectifs de la vie sociale est de fonder des groupes de support. L'identification d'un groupe (les nôtres) et son opposition à un autre groupe (les autres) est une tendance naturelle innée.

Les auteurs notent des recherches montrant une tendance innée à la xénophobie chez l'enfant de 2 ans. De même, on observe parmi les mammifères et les oiseaux, la préférence pour des individus de phénotype similaire. L’homogénéité génétique facilite les alliances chez les animaux sociaux.

Du groupe à la nation

Les auteurs relèvent 5 critères fondamentaux à la formation d'une identité :

  1. Religion, La religion unifie un groupe (chrétiens sous Justinien, musulmans lors de l'expansion de l'islam). Les schismes du concile d'Éphèse et de Chalcédoine au 5ᵉ siècle sont motivés par le désir de se distinguer de groupes géographiquement et ethniquement distants même s’ils sont justifiés par des disputes concernant la "vraie" nature de la trinité. 
  2. Langage, la langue joue un rôle fondamental et toute nation qui veut se construire procède à l’éradication des langues régionales.
  3. Pays, souvent l'attachement d'une population à un pays (notamment les îles et les zone montagneuses) permettent le renforcement d'une conscience identitaire. 
  4. Phénotype, il s'agit là des manifestations visibles des spécificités du groupe.
  5. Origine Commune, la croyance en une origine commune est aussi un élément important

Ces 5 critères sont importants pour formation de sympathies et d'alliance. S’il est possible de s'allier avec une personne catégorisée comme étrangère, la barre sera placée bien plus haut avant de lui faire confiance.

États Nations Hétérogènes

La décolonisation a donné lieu à la formation et la reconnaissance internationale d'États suivant des lignes définies par l'administration coloniale, qui ne donnent pas aux peuples leur propre pays.

Les auteurs citent le Nigeria, ou 3 populations ayant des valeurs et des attitudes très différentes ont un seul gouvernement. Les Hausa-Fulanis sont traditionaliste, avec un statut qui est pré-imposé par la société selon une hiérarchie établie par la naissance et coopératifs, conservateurs, musulmans, alors que les Ibos sont méritocrates, égalitaires, compétitifs, très réceptifs au changement, chrétiens. Les Yorubas se situent entre ces deux extrêmes.  L’instabilité des gouvernements d'Afrique noire serait due à cette instabilité ethnique. Les coups d'États sont organisés par des groupes ethniquement homogènes.

Les Kurdes sont un cas ou la population répartie sur des territoires d'États Turcs, Irakiens et Iraniens.

États Nations Homogènes

Les auteurs présentent le Japon, la nation Afrikaner, Israël, l'Iran et l'Afghanistan comme des pays homogènes. Alors que l'Afghanistan est ingouvernable en temps de paix et morcelé par des chefs de guerre, les Afghans s'unissent en cas d'invasion extérieure.

L'Afrique du Sud était sous un régime d'Apartheid à l'époque et l'Afghanistan était sous occupation soviétique. Leur analyse a bien passé l'épreuve du temps.

Question Impériale : USA, URSS

Selon les auteurs, les USA et l'URSS sont hétérogènes pour des raisons différentes. Les États-Unis ont une population d'origine européenne majoritaire, et population noire de l'ordre de 15% et une population d'origine hispanique en pleine croissance démographique.

Si le tout est uni autour d'une idéologie égalitaire, les tensions raciales peuvent toujours réapparaître.

L'URSS était constituée de républiques différentes et les auteurs voyaient justement le potentiel de séparatisme de certaines de ces groupes.

Conclusion

Le phénotype est des cinq facteurs identitaires avec la langue, la religion, le pays de naissance et la parenté. Le racisme est l'expression de l'exclusion sur la base de ces facteurs. Tous les hommes y sont naturellement enclins.

Si le modèle de confiance basée sur le groupe identitaire peut paraître simplificateur, il a permis aux grandes nations d’apparaître et de s'imposer aux autres.

Il y a certainement des limites à ce modèle : les Moghols en Inde et les Qing en Chine étaient hors du groupe ethnique majoritaire de l'empire qu'ils gouvernaient. L'homogeneisation ne prevaut pas necessairement au niveau national, encore que le maintien au pouvoir de minorités est une autre illustration de l'importance de ces réseaux de solidarité.

Néanmoins, des alliances suivant les lignes ethniques se reforment rapidement si des tensions ou des crises surviennent. Les conflits reviennent souvent sur la base d'alliances ethniques, l'idéologie n'étant qu'une superstructure.


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