2025-04-05

Une brève histoire des tarifs douaniers

 

Les tarifs douaniers — taxes sur les importations — ont façonné les économies et les empires pendant des siècles, reflétant l’évolution des conceptions de la richesse, du pouvoir et du progrès. Des politiques mercantilistes d’accumulation d’or aux débats actuels sur les emplois industriels, leur histoire suit les méandres du commerce mondial.

JR Poinsett, pro-tarifs lors de la nullification de 1832


 L’ère mercantiliste (XVIe-XVIIIe siècles)

À l’âge mercantiliste, l’Espagne et la France utilisaient les tarifs et les monopoles pour empêcher l’or et l’argent de quitter leurs frontières, considérant ces métaux précieux comme le fondement de la richesse. La Casa de Contratación espagnole contrôlait strictement le commerce colonial, tandis que Jean-Baptiste Colbert en France — incarnation du « colbertisme » — établissait des manufactures royales pour des produits de luxe comme les tapisseries et le verre, visant l’autosuffisance et le prestige. Les nations protestantes, comme la République néerlandaise et l’Angleterre, penchaient pour l’ouverture, mais avec des limites : la Compagnie néerlandaise des Indes orientales exerçait un pouvoir monopolistique, et les Actes de navigation anglais (à partir de 1651) protégeaient leur marine marchande. Inspirés par l’Espagne et le Portugal, tous les Européens exploitaient leurs colonies, drainant les richesses des Amériques et de l’Asie vers l’Europe, posant ainsi les bases du commerce mondial.


Laissez-faire et le mouvement du libre-échange (fin XVIIIe-XIXe siècles)

Les physiocrates français, comme Vincent de Gournay avec son « Laissez-faire, laissez-passer », diffusent en premier les idées en faveur du libre-échange, mais la noblesse propriétaire terrienne s'y oppose. L’historien John Darwin note que le tournant britannique vers le libre-échange fut motivé par le besoin de gains de productivité pour profiter du commerce avec l’Inde, réduisant l’opposition des élites terriennes au profit des élites commerciales puis industrielles. La Richesse des nations d’Adam Smith (1776) affirme alors que la prospérité ne repose pas sur l’or, mais sur la capacité productive — le travail et le commerce générant des bénéfices mutuels. La théorie de l’avantage comparatif de David Ricardo (1817) renforce cette idée : même les nations moins productives gagnent à se spécialiser et à échanger librement. La Grande-Bretagne, titan industriel, adopta le libre-échange après l’abrogation des Corn Laws en 1846, tirant parti de son avance manufacturière. Les États-Unis, eux, restèrent protectionnistes, protégeant leurs industries naissantes.


Tarifs et développement au XIXe siècle

Le protectionnisme américain, ancré dans l’appel d’Alexander Hamilton en 1791 à protéger les « industries naissantes », stimula l’industrialisation avec des tarifs comme celui de 1828. Ces taxes déclenchèrent aussi des tensions sociales — la crise de la nullification (1832-1833) vit la Caroline du Sud défier les tarifs fédéraux, menaçant presque l’Union. En Allemagne, le Système national de Friedrich List (1841) défendit les tarifs pour créer un marché unifié via le Zollverein (1834), défiant la domination britannique. L’Amérique latine, attachée au libre-échange, exportait des matières premières comme le bœuf argentin sous le « capitalisme comprador » — les élites locales prospéraient, mais les industries ne se développaient pas. L’empereur austro-hongrois, craignant le socialisme, résistait aux chemins de fer et à l’industrie, tandis que la Grande-Bretagne paralysait l’artisanat indien par un libre-échange imposé. Une « première mondialisation » (1870-1914) émergea, portée par les vapeurs et les chemins de fer. L’Ukraine et l’Argentine devinrent des greniers à blé, les découvertes d’or (Californie 1849, Australie 1851, Afrique du Sud 1886) évitèrent la déflation, et des innovations comme la réfrigération et les moteurs diesel lièrent la prospérité aux marchés ouverts.


Les tarifs au XXe siècle

La Première Guerre mondiale mit fin à cet âge d’or, perturbant le commerce par des blocus et accumulant des dettes. Les tentatives d’après-guerre pour restaurer l’étalon-or aux niveaux d’avant-guerre (par exemple, Grande-Bretagne 1925) provoquèrent déflation et récession. La loi Smoot-Hawley aux États-Unis (1930) augmenta les droits de douane à des niveaux records, entraînant des représailles de l’Europe et du Canada, aggravant la Grande Dépression. Une mentalité de somme nulle — visible dans l’autarcie de l’Allemagne nazie — alimenta la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, l’Argentine et une grande partie du tiers-monde décolonisé adoptèrent l’industrialisation par substitution des importations (ISI), utilisant des tarifs pour développer des industries locales, mais celles-ci devinrent souvent peu compétitives, s’essoufflant dans les années 1970. Le système de Bretton Woods (1944) et le GATT (1947) établirent un nouveau cadre commercial, mêlant ouverture et stabilité.


Consensus néolibéral et deuxième mondialisation (fin XXe-début XXIe siècle)

Après la Seconde Guerre mondiale, le Consensus de Washington (1989) raviva la logique de Ricardo : le libre-échange profite au bien-être des consommateurs. La fin de la Guerre froide accéléra ce mouvement, l’OMC remplaçant le GATT en 1995 et admettant la Chine en 2001. L’essor exportateur de la Chine — porté par un fort investissement et une faible consommation — sortit des millions de la pauvreté, mais le dilemme de Robert Triffin (1960) frappa les États-Unis : en tant que monnaie de réserve mondiale, le dollar obligeait l’Amérique à accumuler des déficits commerciaux, érodant sa base industrielle. Cette « deuxième mondialisation » apporta des biens bon marché et des inégalités, souvent en ignorant les coûts environnementaux (par exemple, la pollution chinoise) et l’exploitation de la main-d’œuvre.


Ajustements des taux de change comme alternative aux tarifs

Les tarifs imposent une perte sèche aux importateurs, aussi la dévaluation est-elle souvent préférée pour renforcer la compétitivité. Les fréquentes dévaluations de la lire italienne suscitèrent la colère des partenaires commerciaux, tandis que les États-Unis, plus influents, poussèrent le Japon à renforcer le yen lors de l’Accord du Plaza (1985). Cela imite l’effet d’un tarif, mais répartit le fardeau à l’échelle mondiale, évitant les frictions commerciales directes.


La politique commerciale des États-Unis aujourd’hui (2016-2025)

Depuis 2016, le rapatriement des emplois industriels est un objectif bipartisan aux États-Unis, stimulé par les chocs des chaînes d’approvisionnement (par exemple, COVID-19) et la rivalité avec la Chine. Les progrès sont lents — les emplois manufacturiers sont passés à 13,2 millions en 2023, loin des 17 millions de 1990. En mars 2025, Trump a proposé des tarifs massifs — 10 % sur toutes les importations, 37 % sur les produits chinois — pour relancer l’industrie, au risque de perturber les chaînes de valeur et de provoquer l’inflation. Biden a maintenu certains tarifs (par exemple, sur l’acier chinois), mais l’automatisation limite les espoirs de création massive d’emplois. Le mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières (2023) suggère que les tarifs pourraient bientôt cibler le climat, et pas seulement l’économie.


Les tarifs sont un outil politique ancien — utilisé par les rois mercantilistes pour financer des armées, par les seigneurs pour soutenir les prix des céréales, et par les politiciens pour protéger les industries naissantes (Allemagne 1870) ou favoriser des groupes d'intérêts spéciaux (Argentine 1950). Les tarifs généralisés de Trump reflètent une croyance que le marché peut s’adapter à des objectifs politiques comme la préservation de l’industrie, contrairement aux tarifs ciblés servant des intérêts spécifiques (par exemple, les sidérurgistes). Les interventions sur les taux de change nécessitent des accords bilatéraux et sont coordonnées par les ministères des Finances et les banques centrales, offrant une alternative plus subtile, comme vu dans l’Accord du Plaza de 1985. Pourtant, Trump agit unilatéralement pour affirmer l’influence américaine, misant sur les tarifs pour redessiner le commerce.


2025-03-25

La Cathédrale et autres concepts clefs de Curtis Yarvin


 1) Qui est Curtis Yarvin ?

Curtis Yarvin, né en 1973, est un ancien ingénieur en informatique et blogueur américain devenu une figure influente dans les cercles de la droite radicale et technolibertarienne. Cultivant une apparence de révolutionnaire aux cheveux longs à San Francisco, Il est plus connu sous son pseudonyme "Mencius Moldbug", qu’il utilisait pour écrire sur son blog Unqualified Reservations entre 2007 et 2014. Yarvin est le principal instigateur du mouvement néoréactionnaire (ou "NRx"), également appelé "Dark Enlightenment" (Lumières sombres), qui critique la démocratie libérale et prône des formes de gouvernance autoritaires, souvent comparées à une monarchie ou à une structure corporative dirigée par un "PDG national". Il a grandi dans une famille laïque et progressiste, avec des racines juives américaines communistes du côté paternel, et a été influencé par la culture libertarienne de la Silicon Valley dans les années 1990. En parallèle, il est le créateur d’Urbit, une plateforme informatique décentralisée, financée notamment par Peter Thiel.

Curtis Yarvin - source: wikicommons

Yarvin se présente comme un penseur iconoclaste, mélangeant des références historiques, philosophiques et technologiques pour critiquer ce qu’il appelle "la Cathédrale" : un réseau informel d’universités, de médias et de bureaucratie qu’il accuse de contrôler la société américaine via une idéologie progressiste dominante.


 2) Les noms des penseurs et idées qui l'ont influencé

Yarvin puise dans un éventail de penseurs et de traditions intellectuelles, souvent réinterprétés à sa manière. Voici les principaux :

  • Thomas Carlyle : Ce philosophe du XIXe siècle, connu pour son conservatisme et sa défense de l’ordre hiérarchique, a profondément marqué Yarvin. Carlyle voyait la démocratie comme chaotique et prônait une autorité forte, une idée que Yarvin reprend dans son rejet du libertarianisme pur pour une vision plus autoritaire.
  • Ludwig von Mises et Murray Rothbard : Ces figures de l’École autrichienne d’économie et du libertarianisme ont influencé Yarvin dans sa jeunesse, notamment via leur critique de l’État interventionniste. Cependant, il s’en est éloigné en adoptant une position plus autoritaire.
  • Hans-Hermann Hoppe : Disciple de Rothbard, Hoppe a écrit Democracy: The God That Failed, où il critique la démocratie et défend des systèmes hiérarchiques. Yarvin cite explicitement ce livre comme une étape clé dans son évolution intellectuelle.
  • James Burnham : Cet ancien trotskiste devenu conservateur, auteur de The Managerial Revolution, a inspiré Yarvin avec sa vision d’une élite technocratique dominant la société, un concept que Yarvin adapte à ses idées de gouvernance centralisée.
  • Niccolò Machiavelli : Yarvin s’inspire de la realpolitik de Machiavel, notamment dans sa vision pragmatique du pouvoir et son rejet des idéaux démocratiques au profit de l’efficacité.

En termes d’idées, Yarvin mélange le libertarianisme (liberté individuelle, méfiance envers l’État bureaucratique) avec des notions réactionnaires (rejet de l’égalitarisme, nostalgie de systèmes prémodernes comme la monarchie). Il rejette l’empirisme au profit d’une approche déductive, influencée par l’École autrichienne, et utilise des métaphores technologiques pour conceptualiser la politique (ex. : la société comme un "système d’exploitation" à "redémarrer").

 3) Quels sont ses articles les plus connus ?

Yarvin a écrit des centaines d’articles sur Unqualified Reservations et, plus récemment, sur son Substack Gray Mirror. Voici quelques-uns de ses textes les plus emblématiques :

  • An Open Letter to Open-Minded Progressives" (2008) : Une série d’essais où il expose sa critique de la démocratie et du progressisme, introduisant des concepts comme "la Cathédrale" et plaidant pour un retour à des systèmes hiérarchiques.
  • "A Gentle Introduction to Unqualified Reservations" (2007) : Un texte d’entrée qui résume sa vision néoréactionnaire, critiquant la légitimité de la démocratie moderne et proposant des alternatives autoritaires.
  • "The Cathedral" (2008 et séries associées) : Une série d’articles où Yarvin développe son concept clé de "la Cathédrale", décrivant un système de pouvoir informel composé d’universités, de médias et d’élites culturelles qui, selon lui, impose une orthodoxie progressiste et manipule l’opinion publique. Ce terme est devenu central dans le lexique néoréactionnaire.
  • "Patchwork: A Political System for the 21st Century" (2008) : Ici, Yarvin imagine un monde fragmenté en petites entités souveraines gérées comme des entreprises, une idée centrale de son "néocaméralisme".
  • "How to Reboot the US Government" (2012) : Cet article introduit le concept de "RAGE" (Retire All Government Employees), une proposition radicale pour démanteler la bureaucratie fédérale et centraliser le pouvoir sous un exécutif fort.
  • "The Clear Pill" (série sur Gray Mirror, 2020s) : Une tentative plus récente de "désenchanter" ses lecteurs en déconstruisant les illusions de la démocratie et en plaidant pour une gouvernance rationnelle et autoritaire.

Ses écrits sont souvent longs, denses, truffés de références historiques et d’ironie, ce qui les rend à la fois fascinants pour ses partisans et difficiles à aborder pour les non-initiés.

 4) Quels sont les noms des personnes qui ont été influencées par lui ?

Les idées de Yarvin ont trouvé un écho auprès de figures influentes, notamment dans la Silicon Valley et la droite trumpiste. Voici les principales :

  • J.D. Vance : Vice-président élu des États-Unis (2025), Vance a cité Yarvin explicitement dans un podcast en 2021, reprenant l’idée de "RAGE" pour suggérer que Trump devrait licencier les bureaucrates fédéraux et les remplacer par des loyalistes. Il l’a appelé un "ami" et partage sa méfiance envers les institutions démocratiques.
  • Peter Thiel : Milliardaire et investisseur, Thiel a financé Urbit via son fonds Founders Fund et a qualifié Yarvin d’historien "puissant". Ses idées anti-démocratiques résonnent avec la vision de Yarvin d’un pouvoir technocratique.
  • Marc Andreessen : Le capital-risqueur et cofondateur de Netscape a exprimé son admiration pour les écrits de Yarvin, notamment sur la bureaucratie et la gouvernance. Il est un conseiller informel de Trump et partage des affinités avec le néocaméralisme.
  • Steve Bannon : Ancien stratège de Trump, Bannon a lu et admiré Yarvin, bien qu’il se soit distancié de lui plus tard. Les deux partagent une critique des élites progressistes et une fascination pour le pouvoir centralisé.
  • Michael Anton : Haut responsable du Département d’État sous Trump (nommé en 2025), Anton a discuté avec Yarvin de l’idée d’un "César américain" sur un podcast en 2021, montrant une influence directe.
  • Blake Masters : Candidat républicain au Sénat en 2022 (soutenu par Thiel), Masters a également repris des éléments de la pensée de Yarvin, notamment sur la nécessité de "rebooter" le gouvernement.

En outre, Yarvin a influencé une génération de jeunes conservateurs et de "staffers" dans l’administration Trump, souvent qualifiés de "vanguardistes révolutionnaires" ayant grandi en lisant ses blogs. Son impact est également visible dans des cercles en ligne comme les "groypers" et certains segments de la Nouvelle Droite.

 Conclusion

Curtis Yarvin est une figure polarisante : pour certains, un visionnaire qui dénonce les failles de la démocratie ; pour d’autres, un provocateur dangereux flirtant avec l’autoritarisme et des idées controversées sur la race et la hiérarchie. Son influence, autrefois limitée aux marges d’Internet, s’est étendue jusqu’aux couloirs du pouvoir à Washington et aux élites technologiques de la Silicon Valley, notamment avec la réélection de Trump en 2024. Ses écrits, bien que non conventionnels, continuent de susciter débat et fascination.

2025-02-24

La Fable des Abeilles: Mandeville et le Consommateur Keynesien

Bernard de Mandeville est un philosophe, économiste et satiriste anglo-néerlandais (1670-1733). Il publie la Fable des Abeilles en 1705 peu après la création de la banque d'Angleterre, au début du siècle qui allait bientôt voir le papier monnaie du système de Mr Law.

Bernard de Mandeville, credit: wikicommons

La Fable des Abeilles

Le poème décrit une ruche d'abeilles qui prospère grâce à l'égoïsme, à la vanité, à la cupidité et à d'autres vices de ses membres. Chaque abeille, en poursuivant ses intérêts personnels, contribue involontairement au bien-être collectif de la ruche. Par exemple, les abeilles vaniteuses dépensent de l'argent pour des biens de luxe, ce qui stimule l'économie. Les avocats et les politiciens, bien que motivés par l'ambition et la corruption, maintiennent l'ordre et la structure sociale.

Cependant, un jour, les abeilles décident de devenir vertueuses et de renoncer à leurs vices. Elles adoptent l'honnêteté, la modestie et l'altruisme. Paradoxalement, cette transformation morale entraîne la ruine de la ruche. Sans la consommation de luxe, les industries s'effondrent, le chômage augmente et la prospérité disparaît. La ruche devient pauvre et faible.

Thèmes principaux :

  • Le paradoxe des vices : Mandeville soutient que les vices individuels, comme l'égoïsme et la cupidité, peuvent avoir des effets bénéfiques sur la société dans son ensemble. Ces comportements stimulent l'économie et favorisent le progrès.
  • La critique de la vertu absolue : Il remet en question l'idée que la vertu morale pure est toujours bénéfique. Selon lui, une société entièrement vertueuse pourrait être économiquement stagnante.
  • L'importance de la consommation : Mandeville met en avant l'idée que la consommation de biens, même superflus, est essentielle pour maintenir une économie dynamique.

Conclusion

Mandeville est peut-être un précurseur de Keynes, dans son célèbre article contre l'austérité et pour la relance en cas de récession ou de dépression.

Mandeville avait aussi suggéré que les pauvres ne doivent surtout pas s'enrichir, sans quoi ils cesseraient de travailler. Il convient donc que tous dépensent et s'endettent si besoin est pour stimuler l'économie.



2025-01-27

Un Systeme Bancaire fragile à dessein selon Calomiris et Haber

Charles Calomiris et Stephen Haber sont des professeurs spécialistes de la politique et l'histoire du système bancaire. En 2014, ils publient Fragile à dessein, un livre dans lequel ils explicitent le rôle du système bancaire dans le financement de l'État, le fléchage de l'investissement et l'accès a des prêts à taux bonifiés par des groupes d'intérêt spéciaux.

Alexander Hamilton


Le jeu de la banque

  • Le jeu de la banque est intrinsèquement trop risqué pour que le crédit se développe de manière significative.  
  • Ce n'est que par la création de chartes bancaires ou l'attribution de prébendes et de monopoles par l'État que la banque se développe et finance l'État moderne. La charte de la banque d'Angleterre en est le meilleur exemple.
  • La banque a besoin d'un système légal et de droits de propriété pour ne pas se faire voler par ses créditeurs, par l'État, ou par son élite dirigeante.
Le système bancaire évolue en fonction de la structure du pouvoir :
  • systèmes autocratiques forts, le risque de confiscation par l'État est fort, et l'élite dirigeante sert les intérêts spéciaux proches du pouvoir. Les actionnaires minoritaires et les déposants ne veulent pas apporter de capital, car la répression financière est forte et le risque n'est pas rémunéré. On pense a de nombreux pays sous-développés.
  • systèmes autocratiques faibles ou oligarchiques ou l'État n'a pas beaucoup de pouvoir, l'inflation est utilisée pour financer la dépense publique, alors que des congères oligarchiques organisent une confiscation dont elles gardent le bénéfice. On pense à des pays où l'inflation est endémique. 
  • systèmes démocratiques libéraux, qui ont de nombreux contrepoids de pouvoir et un système légal qui protège les droits de propriété personnelle, le système bancaire se développe le plus, même si cette protection tend a créé des intérêts spéciaux a tendance oligarchique. On pense à la banque proposée par Alexander Hamilton.
  • Systèmes démocratiques populistes, dans lequel un prince se fait plébisciter par le peuple avec la promesse de redistribuer la richesse vers le grand public. On pense à la banque vue par Andrew Jackson, aux garanties de l'État sur les prêts immobiliers et aux prêts sans recours légal. Une alternative au système populiste capitaliste est un système collectiviste ou les prêts aux étudiants, au logement ne sont plus nécessaires parce que l'État prend le contrôle de ces secteurs, ce qui est le cas en Europe.

Banque et État

La charte bancaire est nécessaire a l'État moderne. Le Costa-Rica n'a pas d'armée, mais il a une charte bancaire. Le Koweït ne prélevé aucun impôt, mais a une charte bancaire. La Somalie n'avait plus de banque entre 1990 et 2011, mais l'État s'est effondré. 

Si comme le note Tilly, l'État fait la guerre et la guerre fait l'État en Europe entre 1100 et 1500, à partir de 1600, l'État commence à réguler les banques par l'octroi de monopoles, de chartes. 

L'Écosse du 18ᵉ siècle donne l'exemple de banques commerciales les plus libres, tandis que la charte de la banque d'Angleterre qui donne un monopole à celle-ci, vise à extraire le financement nécessaire aux guerres contre la France de 1688 à 1815. Le retour au standard or prendra 10 ans, et ce ne sera que par des réformes de 1825 à 1860 que le système bancaire prive pourra se développer en Angleterre, alors que la banque d'Angleterre combattait la déréglementation par une politique de crédit sur accommodatrice qui cause 10 crises en 35 ans. En fait, le système bancaire Anglais n'atteindra son apogée qu'avec la deuxième globalisation sous Margaret Thatcher, alors que le système bancaire américain était encore trop petit.

L'État décide qui a le droit d'ouvrir une banque, à qui il peut donner son crédit, et à quelles conditions. Il peut egalement décreter que sa dette est la moins risquée et forcer la banque a déposer ses liquidités à la banque centrale. Décider de qui obtient les crédits et à quels prix est une manière de distribuer les ressources qui est moins évidente que la redistribution par l'impôt. Plus encore, les crises permettent de aux regulateurs de décider dans l'urgence et dans l'arbitraire qui va supporter les pertes extraordinaires que la fragilité du système ne manquera pas de causer.

Les pays ne choisissent par leur système bancaire, ils ont le système bancaire qui correspond à leur régime politique.

Quelques Données Factuelles

  • Un système de crédit est corrélé avec le développement économique. Depuis les années 90, les économistes ont établi que la causalité va du crédit vers le développement. 
  • La taille du secteur bancaire augmente avec le niveau de revenu, on observe toutefois de fortes disparités liées à des institutions maladaptées dans certains pays.
Les auteurs recensent les crises bancaires systémiques (plus que la faillite de quelques banques). En excluant les ex-pays communistes et les pays de moins de 250 mille habitants, on observe :
  • Crise fréquente et très peu de crédit : Tchad et Congo
  • Crise fréquente et peu de crédit : Argentine, Bolivie, Brésil, Cameroun, CAR, Colombie, Costa Rica, Équateur, Kenya, Mexique, Nigeria, Philippines, Turquie, Uruguay. (Seuls la Bolivie et le Costa Rica ont des régimes démocratiques stables depuis 1970)
  • Il semble y avoir un lien entre régimes autoritaires et un système bancaire peu développé.
  • Les 6 pays développés qui n'ont pas eu de crise : Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Malte, Hong Kong, Singapour. Ces pays ont un État de droit fort garanti par le common law. Les institutions donnent lieu à plus de contre-pouvoirs que la démocratie populiste américaine.
  • Les pays développés qui ont eu plus d'une crise récente sont l'Espagne, la Suède, et les États-Unis.

Les États-Unis et le Canada


Le système bancaire se développe autour des villes du nord-est de Boston, New York, Baltimore de l'indépendance à 1820. A partir de la, les États-Unis ruraux dominent politiquement. La transition se fera sous la pression du suffrage universel, entre l'élection volée par Adams et Clay en 1824 au populiste Andrew Jackson, et l'élection de ce dernier en 1828. La BNA (banque d'amerique du nord) puis la BUS (banque des Etats-Unis) auront une charte federale. Cette derniere ne sera pas reconduite en 1811, et la deuxieme BUS ne sera pas reconduite en 1834.

À partir de là, les banques sont astreintes à un État et ne pas avoir de branche, ce qui empêche toute diversification du risque et toute économie d'échelle. Les agriculteurs acceptent cette inefficacité du système comme le prix d'un accès durable au crédit : la banque ne coupe pas le financement des producteurs de mais ou de soja quand tous les gros clients dans une ville en sont producteurs.

Contrairement aux États-Unis populistes depuis 1824, la couronne britannique, au 18ᵉ siècle, doit faire face à une population catholique francophone majoritaire au Canada. D'autres régions sont créées afin de diluer le pouvoir du Québec. Le Sénat qui contrôle les réglementations financières est nommé par le souverain. Le Canada est donc une démocratie libérale (ce qui signifie pour l'auteur que le pouvoir de la majorité fait face à de nombreux contre-pouvoirs), ce qui empêche des choix maladaptés concernant les banques.

De ce fait, les banques canadiennes n'ont pas eu de crise depuis 3 siècles alors que le système américain a connu 17 crises. Suite à la crise de 1907, la commission américaine aux affaires financière de 1910 a publié trois livres sur le système canadien et comment il évite les crises. Cependant, la décision après les commissions de 1910 ne sera pas de rationaliser le système parce que les intérêts politique au congrès ne le permettraient pas, mais de créer la réserve fédérale. 

L'Amerique urbaine reprend l'ascendant politique au 20ᵉ siècle. Les changements de réglementation sont nécessaires pour faire face a la deuxième globalisation après 1980. Ces réformes ne polarisent pas une opposition partisane Démocrates/Républicains, mais une opposition ville/campagnes. Les Démocrates favorisent les villes et la consolidation bancaire. Les présidents Républicains doivent aussi la favoriser pour remporter les élections de la Floride et l'Ohio. 

Le système bancaire américain est centré autour de la Caroline du Nord parce que les banques de l'État y avaient le droit de se regrouper et d'ouvrir des branches, elles avaient donc de l'avance. Les crises du savings and loans de 1980 permettent à ces banquiers de suggérer aux FDIC et aux régulateurs de permettre à ces banques solides de reprendre des opérations dans d'autres États.

La consolidation des banques américaines se fait entre 1980 et 1992, puis de 1992 à 1997. On note que des lobbys locaux sont invités à proposer plus de dérégulation à la Fed, alors que les banques promettent à ces groupes de prêter 900 milliards. 

De 1990 à 2007, le congrès s'allie à ces groupes pour flécher par des mesures populistes l'accès au crédit. Il demande aux agences sponsorisés par l'État, Fannie Mae et Freddie Mac d'étendre le rachat de crédit immobilier de moins en moins solvable. Cela permet aux banques d'étendre le crédit bien au-delà de ce qui est financièrement responsable. 

On en arrive a la conclusion que la banque est un système mal géré aux États-Unis, que cela est connu depuis le 19ᵉ siècle, mais que le congrès préfère arranger les choses d'une manière sous-optimale et moins prudente.

Conclusion

Ce travail de recherche concernant le système bancaire est motivé pour tirer les leçons de la grande crise financière de 2007. Les auteurs font une distinction entre autocratie et démocratie, puis entre démocratie libérale au sens défini au 18ᵉ siècle dans lequel l'État de droit limite la tyrannie de la majorité comme au Canada ou le Sénat est nommé par le souverain, et démocratie populiste, qui selon eux a pris le pouvoir aux États-Unis entre 1810-1828. 

En régime populiste, les crises sont causées par des accords conclus entre les politiciens populistes et les banquiers. Selon les auteurs, la crise de 2007 est la conséquence de la loi signé par G Bush Sr en 1992 peu avant l'élection pour étendre le crédit immobilier sans apport, a des personnes sans revenu suffisant en imposant aux agences d'assumer ces prêts, qu'elles pouvaient sécuriser et revendre aux banques avec un crédit AAA.
 

2025-01-12

Livre II, III et IV de la Richesse des Nations selon Adam Smith

Nous avions revu le premier Livre de la Richesse des Nations dans un billet precedent. Nous revoyons ici le deuxième et troisième livre de la Richesse des Nations.

Le livre II évoque avec précision la question de la monnaie, du crédit, de la question de l'escompte et de l'instabilité du financement bancaire des capex de l'industrie. Il préfigure aussi le débat concernant le besoin d'une monnaie a "preuve de travail" pour éviter l'accaparement des ressource lorsque des cantillionaires peuvent créer l'argent par fiat.

On trouve des considérations que reprendra Marx concernant la baisse tendentielle des taux de profits, de Soto concernant la necessité d'un droit de propriété pour le développement et quelques remarques sur la délocalisation.

Le livre III donne une justification des remembrements agricole pour redynamiser l'économie agricole, et une histoire des institutions européennes depuis l'empire Romain, la cause de la stagnation du moyen-age et de l'Europe de l'Est, et sa résolution.

Canal royal en Languedoc, infrastructure constuite a la fin du 17e siecle


Livre II: sur la nature, l'accumulation et l'emploi des stocks.


De la division des stocks

  • Un stock peut être utilisé pour la soutenir l'existence de son propriétaire, il s'agit dans ce cas d'un stock destiné a la consommation
  • Lorsqu'un stock est plus important, il est considéré comme capital. Le capital est un stock avec un objectif de rendement. 
  • Le capital peut être divisé en capital circulant et en capital fixe. Un mouton est un actif circulant pour un éleveur de viande, mais un capital fixe pour un producteur de lait et de laine. Le grain peut être considéré comme faisant partie du capital fixe s'il est destiné à la semence. L'inventaire et la main-d'œuvre sont considérés comme actif circulant.
  • Smith distingue les productions primaires, produit du sol, des mines et de la pêche des productions transformées. Il note que certaines productions sont en amont des autres dans une économie civilisée. Il parle de une chaine de valeur.
  • Le logement, l'ameublement et les vêtements sont selon Smith des consommations finales, et n'enrichissent pas une nation. En effet, même si une maison peut rapporter un loyer, le locataire doit gagner l'argent de son loyer par un autre moyen.
  • Dans tout pays civilisé où la sécurité est suffisante, tout homme veut investir son capital. S'il craint la confiscation de ses supérieurs, il enterre ses trésors. Le fait que le trésor revienne au souverain plutôt qu'à l'inventeur ou au propriétaire du terrain relève d'une époque où la découverte de trésors était chose courante. Les trésors ont été mis dans la même catégorie que les exploitations minières.

La Monnaie

  • On rappelle que dans le livre 1, les revenus étaient classifiés en rentes, salaires et profits. Ces revenus sont ensuite utilisés en consommation ou en investissement
  • Les immobilisations n'enrichissent pas une société, alors qu'une augmentation de l'actif circulant indique une augmentation de la production. Ça parait être l'opposé au niveau individuel, mais l'achat d'inventaire de l'un est le profit de l'autre.
  • L'entretien d'un stock de monnaie pour la société et les frais requis pour produire un stock de métaux précieux correspond à une immobilisation de capital fixe destinée à permettre le commerce.
  • Ce n'est pas le stock d'or immobilisé qui rend une société riche, mais sa circulation. Le stock de monnaie est bien inférieure à la somme des pensions annuelles, et si la quantité de monnaie constitue une portion non-négligeable de capital, elle ne produit rien, mais sert de véhicule, afin d'attribuer a chacun la part de la production qui lui revient.
  • Avant l'unification de l'Écosse au Royaume-Uni, la quantité d'or et d'argent est estimée à 1 million. L'escompte a 2 ou 3 mois des créances commerciales, et l'ouverture de comptes de crédit pour 1000 livres pour tout marchand qui aurait deux garants au patrimoine suffisant, a conduit a une masse monétaire de 2 millions, dont seul un quart est encore métallique. Le reste de cette monnaie métallique s'investi a l'étranger ou il y a de meilleures opportunités de commerce. 
  • Cette création de papier monnaie permet de financer le capital circulant sans avoir à travailler pour miner les métaux précieux. On démultiplie l'effet de la monnaie par le crédit commercial, jusqu'a atteindre la capacité de production du pays.
  • Aller au-delà et financer des projets longs-terme d'infrastructure et d'extension de la capacité de production est le rôle de créditeur privés qui étudient la validité du projet et son financement. Ils fournissent un financement dont la durée de remboursement est adaptée a la rentabilité et aux cashflows du projet. Le rôle de la banque est limite à l'escompte commercial à moins de 90 jours.
  • Une banque doit surveiller la vélocité de la monnaie et des escomptes, et diminuer la production de crédit lorsque la vélocité diminue.
  • Certains individus peuvent s'accorder à se faire des escomptes qu'ils remboursent en produisant plus d'escomptes sans jamais échanger de vrais produits, dans le but unique de demander a une banque de l'escompte. Smith appelle cette pratique de cavalerie une "projection". Il est facile de détecter la cavalerie lorsqu'elle implique juste deux marchands et une banque, mais difficile lorsque de nombreuses banques et marchands sont impliqués.
  • En 1705, Mr Law avait proposé une banque qui étendrait encore l'usage papier monnaie, la proposition est décrite par lui-même dans son discours au Parlement écossais. Il trouvera un soutien chez le Duc d'Orleans régent de Louis XV, ce qui lancera la spéculation de la compagnie du Mississippi qui est décrite par Nicolas Du Tot dans ses Reflexions politiques sur les finances et le commerce.
  • Une banque fut créée en Écosse pour généraliser l'escompte et le financement de tout projet.  Les actionnaires étaient censés payer le capital en plusieurs fois, mais ont pu ouvrir un compte de crédit dès le premier paiement. Cette banque émettait 200,000 livres de billets qui étaient sans-cesse être contre de la monnaie, et dû se refinancer par escompte a Londres pour 600,000 livres au taux de 8%. Elle fit faillite après 2 ans et ses fondateurs millionnaires qui avaient un excellent crédit ont dû payer.
  • L'usage d'escompte et de papier monnaie est moins répandu en France depuis la bulle spéculative causée par John Law de Lauriston. Le papier monnaie est très utilisé dans les colonies d'Amérique, ou la valeur d'une livre colonie est devenue 30% inférieure à la valeur d'une livre métallique. Le gouvernement a déclaré légale une monnaie papier échangeable en or dans 15 ans, et ne portant pas d'intérêts, ce qui est équivalent a une obligation zéro-coupon de 15 ans avec taux de 8%, ce qui devrait avoir une valeur présente de 40%. Obliger un créditeur à accepter un tel paiement est une restructuration cachée de la dette.

Sur l'Accumulation de Capital

  • Le travail des domestiques, bien que leur travail ait un prix, ne produit pas de biens et services qui contribue à une production comme celui des artisans et des travailleurs agricoles. Il s'agit d'une consommation, tout comme avoir de nombreux chevaux, des chiens, des attelages.
  • Plus de personnes sont employées à produire dans une ville, plus ils sont économes. Lisbonne, Londres et Copenhague sont probablement les seules villes sérieuses, alors que toutes les grandes villes de Parlement de France, sauf Rouen et Bordeaux, voient leur populace corrompue par l'argent facile dépensé par la noblesse et le Parlement et les cours de Justice. On observe la même distinction entre Glasgow, ville industrieuse, et Édimbourg, ville de Parlement et cours de Justice.
  • Smith distingue a nouveau des thèmes repris par Marx 100 ans plus tard : une baisse tendentielle des taux de profit, et une accumulation de capital productif qui surpasse capital de consommation (châteaux, etc) qui dominait au Moyen Âge.
  • L'argent dépensé pour des domestiques ne produit rien, celui dépense par le gouvernement, si noble et utile soit-il, ne produit rien non-plus. La prodigalité des uns est compensée par le sens des affaires des autres, mais la prodigalité de l'État peut modifier cet équilibre.
  • Il apparait que la situation économique s'est améliorée chaque siècle depuis la conquête normande (et même encore depuis la conquête de César), même si l'on a parfois l'impression d'une décroissance dans une certaine région et sur un temps donne.
  • On lit tous les cinq ans un pamphlet fort bien écrit d'un auteur honnête et intelligent qui décrit la ruine de la société. Mais si l'on considère toutes les calamites et toutes les guerres qui ont eu lieu, force est de constater que l'Angleterre et la plupart des nations ont progressé.
  • Une ville qui a connu une croissance stagnante, ou un déclassement économique voit souvent des bâtiments et des mobiliers utilisés par des personnes qui seraient bien incapables d'en financer la construction.
  • Il est préférable pour le bien commun de dépenser dans des investissements productifs que dans des dépenses de consommation. Il est préférable de payer des artisans pour produire des biens durables plutôt que de mener grand train, car les artisans dépenseront leurs salaires avec attention alors que les invités nourris à grands frais sont vraisemblablement des improductifs.
  • Enfin, les personnes qui collectionnent les vêtements, les bijoux, les troquets, sont parmi les plus égoïstes, et les plus improductifs.
  • Les pays industrieux accumulent un stock de monnaie qui peut supporter leurs besoins de capital circulant, alors qu'un pays dispendieux le perd peu à peu. Le mercantilisme serait donc correct dans son observation de la corrélation entre la richesse et l'accumulation d'un stock de métaux précieux, mais fait l'hypothèse de causalité inverse de celle de Smith.

Sur les prêts a intérêt

  • Les taux étaient de 10% en Angleterre lorsque le pays était pauvre, et ont baissé à 3% pour les emprunts d'Etat, et 4.5% pour une personne privée de bon crédit. C'est un signe de l'augmentation de la quantité de capital disponible pour l'investissement.
  • Le taux rendement des terres agricoles est toujours inférieur au taux, parce qu'il offre une meilleure sécurité dans tout pays. Ainsi, leur prix est passé de 10x le rendement annuel a 20 fois puis 30 fois en Angleterre, alors qu'il est de 10x le rendement en France.
  • L'usure est plus commune lorsque les prêts à intérêts sont interdits, parce que le préteur doit se dédommager non seulement contre le risque de crédit, mais aussi contre le risque légal. Un taux maximal doit être imposé pour éviter l'usure, et ce taux ne doit pas être trop élevé pour réserver le crédit aux personnes les plus fiables, sans quoi les taux se fixent à un niveau élevé, et seuls projecteurs et les plus prodigues emprunteraient, si des taux de 5% à 7% au-dessus rendements d'Etat étaient autorisés.

De l'emploi du capital

  • Le captial peut etre employe dans 4 branches: 1) production agricole et miniere 2) transformation industrielle 3) transport et commerce de gros 4) commerce de detail
  • Certains pretendent que le commerce est une activite parasite, mais il vaut mieux laisser-faire et obtenir de la concurrence qu'elle diminue les profits tout en permettant la vente de produit de details. Ne pouvoir acheter qu'une tete de betail entiere serait tres inconvenient et immobiliserait beaucoup de ressource pour la population.
  • La production primaire et le commerce de detail doivent etre résidents, la manufacture et le commerce de gros peuvent etre délocalisés.
  • La production primaire et industrielle emploient le plus de travailleurs et ont plus d'impact sur l'economir d'un pays. Le commerce est moins productif.
  • Le commerce peut etre separe en trois branche: 1) commerce interieur national, 2) commerce d'import/export, 3) commerce de portage. Le commerce interieur avec des temps d'aller retour de trois mois est beaucoup plus rapide que l'import/export qui a des temps de livraison de 1 a 3 ans. Il y a donc jusqu'un facteur 12 dans l'intensivite en capital. 
  • Les Hollandais et les Anglais sont fort dans le commerce de portage parce qu'ils sont riche et ont moins d'opportunite agricole sur leur territoire, il ne faut pas inciter ce commerce en esperant creer de la richesse, les individus savent ou trouver les meilleurs profits.
  • L'Angleterre est l'usine du monde, des produits agricoles d'Espagne, d'Amerique, des pays baltes sont importes pour y etre transformes.
  • On voit des richesse considerables se former rapidement dans le negoce alors que les fortunes terriennes prennent des siecles a se former. Les terres agricoles peuvent encore etre beaucoup ameliorees en Angleterre, et pourtant, de meilleures opportunites de rendements se presentent dans le negoce et l'industrie.

Livre III: des différents progrès de l'opulence des différentes nations


  • Du progrès naturel de l'opulence : si un pays présente des échanges économiques entre les campagnes et les villes, on imagine bien, et l'on voit dans le cas des colonies américaines que le développement agricole est le premier, les artisans spécialisés comme les forgerons, les charrons s'installeront à proximité les uns des autres, et seront bientôt rejoints par un boucher, et d'autres marchands, créant ainsi une ville. Le commerce national et a l'export semblent bien plus spéculatifs et se développent plus tard. On observe qu'en présence de terres agricoles abondante, les artisans aux États-Unis, lorsqu'ils ont suffisamment de capital, deviennent planteurs plutôt que de se lancer dans le commerce. Cette activité leur parait la plus sûre.
  • De la désincitation de l'agriculture dans les anciens États d'Europe après la chute de l'empire Romain : les invasions barbares entrainent une perte de propriété de la plupart de la population, alors que propriétaire et chef féodal deviennent synonymes. Les seigneurs, tout comme les rois, ont d'abord divisé leurs territoires également parmi leurs enfants, mais ils ont rapidement vu que le territoire ne devait pas être divisé, sans quoi il serait trop faible et facilement conquis par ses voisins. La primogéniture, et l'aliénation des terrains familiaux sont chose courante pour empêcher la division des terres. Les esclaves n'ameliorent pas leurs terres, et les serfs ou les metayers (qui doivent payer 50% du surplus encore que tout le stock est fourni par le proprietaires) ne recoivent pas assez quand on sait qu'une dime pese trop sur l'amelioration du sol. De meme, la taille royale qui fut imposee aux gueux alors que les seigneurs n'etaient pas imposable decourage la productivite, et touche les seigneurs sur le long terme en maintenant leur fief dans la pauvrete. Enfin, les baux agricoles, qu'ils soient de 1 ans, 10ans ou 27 ans sont toujours trop court pour inciter a l'amelioration du terrain.
  • De la croissance et du progres des villes, apres la chute de l'empire Romain : les habitants des villes n'etait pas plus favorises que les habitants des campagnes apres la chute de l'empire Romain. Si les droits des bourgeois ne sont pas ennonces a l'epoque feodale, la villainie de leur condition ne fait pas de doute lorsque l'on voit les nouveaux droits qui leur sont conferes par charte au moyen-age: droit de marier ses enfants, droit de leguer ses biens. Ces droit s'assortissent de devoir de fortifier la ville et d'y monter la garde, ce qui a pour effet de proteger la villes des barons et seigneurs avoisinant. Certains villes franches se liberent completement de la taxation. Si l'on peut se demander pourquoi un serigneur renoncerait a jamais au benefice de lever l'impots, il faut comprendre que les chartes et droits des bourgeois etaient en general accorde pour affaiblir les seigneurs avoisinant: un villain qui pouvait vivre dans une ville franche pendant un an  etait afranchi du servage. Cela contribue a vider les fiefs avoisinants des villains les mieux dotes. C'est ainsi que les villes de Toscane ont gagne en pouvoir, jusqu'a pouvoir exiger des seigneurs voisins de detruire leurs chateaux et de venir vivre en ville. L'agriculture en Europe etait donc bloquee dans une situation de mauvaise institutions jusqu'a ce que les villes liberent l'Europe.
  • Comment le commerce des villes contribua a l'amelioration du pays : le commerce contribua  au developpement de trois manieres 1) en creant une demande pour les produits des campagne, et une offre de produits transformes, 2) par l'investissant de capital des marchands, 3) en poussant a une amelioration des institutions. Les campagnes produisent une quantite de produits alimentaires. Le duc de Warwick etait connu pour faire manger 30.000 personnes par jours dans ses manoirs, meme si ces rapports sont exageres, on lit que des emirs lorsqu'il viennent en ville invite tout le monde, y compris les mendiants a manger. Les proprietaires qui ont tant de richesse qu'ils doivent tout distribuer ne developpent pas leur terrain. Aux Etats-Unis ou 50 ou 60 livres suffisent a s'installer comme planteur, de nombreux petits proprietaires s'installent et ameliorent leur terrain. C'est pour acheter des objet de luxe produit dans les villes que les Seigneurs ont arrete de nourir leur gens, et ce faisant, on commence a perdre leur pouvoir. Qui nourri des milliers de personne est legitime pour rendre la justice et pour mobiliser ses gens a la guerre. Mais lorsqu'une personne riche a optimise l'entretien de son domaine, il n'a qu'une vingtaine de personnes a ses ordres, et son domaine est depeuple, car moins de locataires lui rapportent plus, mais ces locataires s'en tiennent aux termes de leur contrat. Ainsi, l'appat du luxe a acheve de faire ce que les villes franches n'avaient pas pu faire. On remarque que les seigneurs Tatares qui n'ont pas acces au luxe entretiennent toujours une grande tribu. La transition vers plus de richesse n'est pas terminee, parce que les grandses proprietes qui se transmettent par droit d'ainesse limitent l'offre et creent des prix de monopole. Le rendement fermier est de moins de 5% alors que de nombreux frais s'y ajoutent que l'on ne subit pas quand on prete de l'or a 5%. Si un travailleur economise pour s'acheter un terrain qui ameliorera sa retraite, l'operation n'est jamais fructueuse en Europe alors que les profits sont superieurs a ceux du commerce dans les colonies d'Amerique.

Livre IV: des Systemes d'Economie Politique


  • principe du systeme mercantile: si l'or et l'argent sont synonyme de richesse pour les hommes civilises, c'est par convention. Alors que les Espagnols lorsqu'ils arrivaient dans une nouvelle contree demandait s'il y avait des mines d'or ou d'argent, l'amabassadeur de France chez les Mongols se voyait demander s'il y a beaucoup de moutons et de boeufs en France. En fait, les metaux precieux sont utilises comme base monetaire qui assoit le credit pour les echanges commerciaux. La richesse vient de la production et de la possibilite de la division des taches. C'est parcequ'il est souvent plus difficile d'aquerir de l'or que d'en depenser, car il est plus facile d'acheter que de vendre, que l'or et l'argent prennent un valeur particuliere dans le systeme mercantile. L'argent est necessaire pour financer les guerres, et c'est la raison pour laquelle il est strategique. Il peut provenir 1) du stock de monnaie en circulation s'il peut etre remplace par de la monnaie papier, 2) de l'argenterie de l'aristocratie, mais cette quantite est faible 3) du tresor du prince, mais aucun roi ne thesaurise en Europe sauf le roi de Prusse. Les guerres modernes se sont financees pour l'angleterre par le commerce et l'escompte, car le stock de monnaie n'aurait pas permis de tenir 3 ans alors que les guerres duraient 6 ans. La decouverte des mines d'Amerique n'a fait que diminuer la valeur de l'argent et de multiplier par 10 ou 20 le stock d'argenterie en Europe. Le commerce colonial libre avec l'Amerique, celui avec l'Inde est encore tres ralenti par les monopoles imposes par les comptoirs Portugais puis Hollandais, puis Francais et Anglais. Le controle de l'exportation des metaux precieux est en fait nefaste, car il fait subit au commerce le cout du risque de contrebande, et le controle de l'import/export est encore plus complique, et tout aussi nefaste. On revoit ensuite 6 contraintes au commerce exterieur
  • Restriction d'importation de produits qui peuvent etre fabriques localement
  • Restriction d'importation en provenance de pays avec qui la balance commerciale est negative
  • Incitation a l'exportation en reduisant les taxe a l'exportation
  • Prime a la production de produits destines a l'exportation
  • Traites de commerce creant des situations de commerce favorises
  • Etablissement de comptoirs coloniaux creant des situation de monopole.

Conclusion

Smith est un economiste remarquable comparé a Marx ou Keynes parce qu'il obtient des données avant de les soumettre a son analyse. Contrairement a ces auteurs, il connait les rendements de differentes industries, et analyse l'histoire des institutions sur une periode bien plus longue que des economistes plus modernes.

Il introduit de nombreuses nouvelles idees sur le plan de la science politique, du traitement de la pauvreté, et de l'économie et des finances. Le monde qu'il décrit est changeant alors que les techniques mises en oeuvres existent depuis fort longtemps. 

S'il discute deja de la production de charbon, il ne verra pas le progres technologique remarquable apportté par les machines a source combustible fossile au 19e siecle, et les changements que cela implique sur l'emploi des populations.


Une brève histoire des tarifs douaniers

  Les tarifs douaniers — taxes sur les importations — ont façonné les économies et les empires pendant des siècles, reflétant l’évolution de...