2023-10-22

L'Etat du 3e Millénaire selon Hans Adam II

Hans Adam II est souverain du Liechtenstein, un micro-pays rural de 30,000 habitants sans grande ville ni ressources qu'il a mené de la pauvreté après-guerre à un PIB de 184,000 dollars par habitant en 2023. 

Il publie en 2009 l'État du 3e millénaire qui retrace l'histoire politique, et présente ses préconisations. Sa recette est l'autodétermination et la décentralisation, et la défense patiente du bien public face aux intérêts spéciaux.

Le Prince Hans Adam II, credit: wikicommons et 


Histoire Mondiale vue du Liechtenstein

  • L'histoire humaine commence il y a 2 millions d'années avec l'Homo erectus
  • L'agriculture ne se développe dans le croissant fertile et la Turquie il y a 12000 ans, c'est la première révolution civilisationnelle (la seconde étant l'imprimerie, la troisième l'industrialisation)
  • L'organisation politique existe déjà chez les sauvages, avec un chef, et en second rôle un shaman, la légitimation religieuse du monarque est un phénomène essentiel aux sociétés humaines
  • Société agricole : citoyen-soldat pour les petits États. Pour les grands États, on ne donne pas d'arme ou d'entrainement aux gueux pour permettre un meilleur contrôle. L'agriculture requiert beaucoup de travail au moment des semences et des labours, la population étant oisive en dehors de ces périodes, il faut trouver à l'occuper : construction de châteaux et corvées.
  • Les grecs distinguaient Monarchie, Oligarchie et Démocratie, suivant le nombre de personnes qui exercent le pouvoir. 
  • Un cycle existe entre les trois régimes, qui dégénèrent de la monarchie à la démocratie et conduise à l'anarchie et l'émergence d'un nouveau monarque
  • Des courants antireligieux apparaissent au 18e siècle. L'homme moins religieux est peut-être plus éduqué ou plus intelligent, mais il est plus individualiste et a moins d'enfants.
  • La religion ne peut plus être une source de légitimation du souverain, et un accord entre pouvoir exécutif, oligarchie administrative et le peuple doit être mis en place.

Démocratie et Autodétermination

  • Pour que l'exercice du pouvoir soit démocratique, il faut une démocratie directe. Un représentant unique comme un président est un monarque élu pour quelques années. 
  • La monarchie dans certains pays a été dépouillée de son rôle politique. Le monarque a l'interdiction d'exprimer une opinion politique. Quand le roi Baudouin de Belgique refusait pour des raisons éthiques de ratifier une loi, il était déclaré incapable pour un jour et une autre personne signait a sa place contre son gré. La famille royale est attachée au gouvernement, mais interdite de politique, ce qui la condamne à une existence paradoxale. La presse à scandale espionne les maisons royales européennes depuis les années 50. Tout cela rend un mariage avec une famille royale peu attrayante pour des personnes de qualité. Le chef du gouvernement est dans ce cas le monarque. Il est élu pour une période assez courte de quatre ou cinq ans.
  • Le Liechtenstein a une loi de la maison princière qui datait de 1606 et a été mise à jour pour réglementer la déposition du prince en d'incapacité constatée par la famille. Le prince est souverain. Le peuple a la possibilité de demander un référendum pour passer en république, et peut demander la sécession au niveau communal.
  • La nomination des juges et la délibération des lois au Liechtenstein a permis au prince Hans-Adam de voir comment la saucisse est fabriquée, selon lui, ni la fabrication ni le résultat ne sont appétissants. 
  • Auto-détermination : la sécession de républiques soviétiques était possible de jure selon la constitution de Staline, mais ce droit n'existait pas en pratique. Elle était possible de facto en 1991, mais anticonstitutionnelle.
  • La sécession est attractive pour de grandes sous régions, et peut donner lieu à l'oppression d'une minorité dans ce grand territoire.
  • Les francophones québécois majoritaires voulaient prendre toute la province, y compris les ressources naturelles du nord, alors qu'ils ne sont majoritaires que le long du fleuve. Le pouvoir d'auto-détermination doit être donné à un niveau le plus local possible pour éviter la création de poches minoritaire sans représentation.
  • État-providence : il a pour but avoué de créer le paradis sur terre. Le paradis sur terre, s'il est créé, ne l'est que pour une minorité
  • Redistribution permet la justice sociale, pourquoi un père de famille bavarois devrait payer la retraite d'un fonctionnaire sans enfants à Berlin. Ne devrait-on pas s'assurer de la solidarité au niveau local, ou sinon, ne faut-il pas redistribuer pour obtenir une justice sociale au niveau mondial ?

Prescriptions

  • Agenda de réformes : 
    1. Retraite à fonds 
    2. Réformes du travail 
    3. Décentraliser la solidarité
  • Transports : trop de routes, pas assez de chemins de fer, trop d'intervention inefficace de l'État
  • Financement : les impôts ne doivent pas affecter les comportements, TVA pour financer les fonctions régaliennes (justice, affaires étrangères), impôts directs (foncier, revenus) pour les gouvernements locaux. La TVA peut être mise à un taux unique plutôt élevé, les taux variables sont clientélistes et inefficaces. Les impôts directs suivent une formule identique pour éviter les arbitrages. Les taux sont différents, reflétant des choix sociaux différents, ce qui ne cause pas de migration, car les préférences personnelles et l'attachement a un modèle communautaire donne est en pratique plus important que d'optimiser quelques pourcents d'impôt.
  • Monnaie : on utilise le Fr Suisse, un projet de monnaie métallique (or) était en discussion, ou une monnaie métallique serait produite avec une réserve à 90% en métaux précieux et certaine parité à un panier de devises référence. Notons que le Franc Suisse était étalonné au Dollar et donc à l'or jusqu'à 1973, et le prince écrit avant l'apparition de Bitcoin.

Conclusion

C'est un ouvrage qui articule des idées que j'attribuerai à James Burnham, Eric Hoffer, Eric von Kuehnhelt Leddihn, Francis Fukuyama, Mansur Olson, Douglass North, Charles Tilly, James Buchanan et Hans Herman Hoppe. S'il n'y a pas de références à cet ouvrage, il est plus court que les œuvres de ces auteurs, son ton est réaliste, inspiré de l'étude de l'histoire et de la pratique politique du Prince. 

S'il est clément dans son jugement envers Woodrow Wilson qu'il voit comme un pionnier de l'autodétermination, un autre auteur comme Graham Wallas en 1904 expliquait déjà que le système d'État-nation que les États-Unis essaient toujours de répliquer dans le reste du monde s'applique peut-être dans certains pays homogènes unifiés par les guerres napoléoniennes, mais pas dans les Balkans, en Afrique ou en Asie centrale, ou la création de grands États-nations implique l'oppression de minorités non représentées.

Sa politique a permis de conduire le PIB du pays à 187,000 dollars par habitant, alors que l'Allemagne stagne a 48,000 dollars par habitant. Cela l'autoriserait à être aussi dédaigneux des régimes occidentaux aux politiques ineptes que ceux-ci ne l'étaient envers les démocraties populaires dans les années 70.

Le prince porte cependant un jugement modéré concernant les démocraties libérales, bien qu'elles bafouent l'autodétermination de leurs propres populations et créent des dispositifs d'assurance sociale qui détruisent les mécanismes d'entraide locaux. Cela lui permet d'inscrire son opinion dans la sphère du consensus et d'être plus influent.


2023-10-02

L'Europe Declassée? selon Blanchard, Pisani-Ferry, Wyplosz

En 2004, après la défaite du référendum sur la constitution Européenne, trois économistes français de centre-gauche influents et conseillers de longue date des gouvernements s'expriment sur le bilan et les perspectives économiques européennes.

Olivier Blanchard, credit: wikicommons

Les trois articles et leurs auteurs :

  • Les limites du plus d'Europe, Charles Wyplosz: ECP70 Harvard PhD78, professeur à Genève à l'Institut des Hautes Études Internationales et du Développement. Intérêts : macroéconomie, monnaies, marche du travail, membre de think tank de centre gauche progressiste réformiste.
  • L'Europe ne va pas si mal, Olivier Blanchard : ESCP70, MIT PhD77, professeur au MIT et chef économiste du FMI. Interets: macroéconomie, nouvelle école keynésienne, il se définit politiquement comme très à gauche en 68 puis devenant social-démocrate.
  • Les limites des paradoxes, Jean Pisani-Ferry : Supelec 73, CEPE 77, conseiller économique de DSK et France Stratégie,  il se définit politiquement comme "le plus Bruxellois des économistes de gauche". 

Faits Économiques

Il y a consensus sur les faits en 2004 :
  • l'Européen est toujours plus pauvre que l'Américain, le rattrapage des 30 glorieuses fait place à une situation ou le PIB par habitant est 30% plus bas et cela empire du fait d'une croissance atone dans l'UE15 comparée aux États-Unis ou a l'Asie.
  • cet effet s'ajoute à une natalité moindre, qui diminue le poids de l'europe dans le monde.
  • l'économie française est typique de ce manque de dynamisme, il y a tout de même un rattrapage apparent en termes de productivité horaire, car le nombre d'heures travaillées est en réduction 30% de 1970 à 2000
  • Le rattrapage apparent de la productivité horaire est cependant un artefact de l'exclusion en Europe des travailleurs les moins productifs. Les mesures sociales : l'age de retraite, protections sociales et salaire minimum réduisent le taux de participation. 

Perspectives et Politique

Charles Wyplosz est de centre-gauche, mais sa thèse peut paraitre neo-libérale : selon lui, la France et l'Allemagne n'ont pas fait les réformes structurelles. Les aides sociales et la retraite toujours trop tot detruisent l'emploi et créent une armée de rentiers miséreux qui ont abandonné la recherche d'emploi et sont politiquement mobilisés par la gauche. 

Si les critères de Maastricht entrainent des réformes impopulaires, il y a un risque de délégitimation technocratique par manque de démocratie de l'UE.

Selon lui, il y a un autre risque de collusion pour empecher la croissance européenne par une coalition de pays mal gérés mais dominants par leur taille. Les Pays-bas voient avec crainte les démagogues franco-allemands dénoncer le "dumping social", et sont rassurés par le contrepoids Anglais. 

De plus, les négociations sont minées par l'effet de cliquet des "acquis communautaires" qui devraient être acquis pour dix ou quinze ans, mais pas éternels. 

Ces risques limitent l'intégration et l'expansion de l'UE, qui doit mieux définir ce qui est du ressort national et ce qui est du ressort Européen. 


Olivier Blanchard est plus optimiste. Selon lui, la stagnation du PIB par habitant correspond à un choix social exprimé de travailler moins par les européens.

La comparaison de la productivité horaire française et américaine est difficile à évaluer précisément parce que les moins productifs sont exclus des marchés européens du travail par des mesures sociales. Il semble cependant qu'il y a divergence en faveur des États-Unis à cause du secteur des technologies de l'information.

Pour ces mesures difficiles de régulations et de productivité, Olivier Blanchard cite des recherches du Mc Kinsey Global Institute, dont il est l'un des conseillers économiques. 

Il note l'effet de cliquet d'acquis sociaux difficiles à reformer. Par exemple, la création du CDD en France qui devait flexibiliser le marché de l'emploi entraine une crispation des employés en CDI et la précarisation des CDD, aboutissant à un clivage social. Il cite le privilège des intermittents du spectacle qui avaient droit à 12 mois de chômage pour 3 mois travaillés dans l'année précédente. La réforme qui a rogné un mois d'allocation et mesure les 3 mois dans les onze mois précédent a causé un an de grèves et l'annulation des festivals.

Mais selon lui, le marché unique entraine des réformes :
  • elle permet de relever la compétitivité : les conducteurs de poids-lourd longtemps protégés en France font maintenant l'objet d'une concurrence intense
  • certains syndicats en Europe sont conscients de la nécessité d'un rendement du capital, sans quoi le capital s'enfuit. Ceux qui, comme la CGT, sont encore dans un schéma de lutte des classes, causent une désertification lente de leurs industries vers celles des travailleurs flexibles,

Il reste cependant de nombreuses poches de travailleurs privilégiés, notamment dans les monopoles du secteur public. La compétence européenne pour arbitrer les questions de compétition et permet de détruire les rentes de service public en démantelant les situations de monopole. 

Selon lui, le principe de subsidiarité n'est pas appliqué par les États, afin de maximiser le pouvoir de l'UE et de favoriser ce travail de sape. 

Si les acquis et donc les réformes sont méthodologiquement impossibles à comparer quantitativement, on observe que pour 7 réformes menées en Allemagne, 4 augmentent la flexibilité et 3 la diminuent. Il s'agit d'un va-et-vient plus que d'une tendance claire.

Jean Pisany-Ferry revoit les analyses des deux précédents économistes, il ajoute qu'un choix politique de direction doit être fait entre une évolution en profondeur avec plus d'intégration politique et une évolution en surface avec une extension du champ du marché commun.

Concernant la centralisation pour plus d'Europe, la politique des transports et de la recherche doivent être menées au niveau européen. Quant aux réformes sociales, elles ont des résultats locaux et le principe de subsidiarité doit s'appliquer, sans quoi la légitimité démocratique de l'institution européenne sera mise en cause. Il note que l'Italie et la France s'appuient sur les critères de Maastricht comme une contrainte externe, alors qu'un déficit structurel de 3% sans croissance mène éventuellement à la faillite.

Pour les pays membres de l'Euro, la politique macroéconomique doit être coordonnée au niveau européen afin d'aligner la politique monétaire et fiscale. Il note que l'Euro n'est pas une panacée, notamment les États-Unis ont une volatilité moindre de leur croissance.

Conclusions

En 2004, le discours d'économistes sociaux-démocrates du centre gauche semble conforme au consensus de Washington de démantèlement de la protection sociale en France par la concurrence internationale. L'opinion publique en France est à gauche de ce consensus qui parait plus néo-libéral que de centre-gauche.

J-C Trichet, gouverneur de la Banque de France en 1993 expliquait avec satisfaction que la France serait forcée par Maastricht  à liberaliser, force est de constater en 2004 que la France a choisi plus de loisirs avec la mesure phare des 35 heures de Martine Aubry. Les gouverneurs de la banque centrale italienne partageaient cette opinion, se plaignant que l'Italie est ingouvernable et que le traite de Maastricht apporte une contrainte externe, le "vincolo esterno", qui est salvatrice.

L'Allemagne poursuivra des réformes structurelles avec Hartz IV alors que la France et l'Italie continuent la désertification du tissu industriel conformément au mécanisme présenté par nos trois économistes. 

Alfred Sauvy, qui était conseiller économique sous Léon Blum explique que le passage aux 40 heures lors du front populaire était une catastrophe sur le plan de la production et du chomage, mais que les économistes et politiciens craignaient que ce soit impopulaire. La baisse de la participation et du temps de travail est toujours vue comme un mal par les économistes si elle est cause d'exclusion.

La gauche par définition est en faveur de la consolidation des acquis sociaux et de leur progression. Qu'est-ce qui, pour ces économistes, définit leur orientation politique en 2004 comme étant de gauche alors qu'ils proposent de démanteler les acquis sociaux par la compétition internationale? 

Ces économistes pensent que la France est allée trop loin dans la diminution de la quantité de travail par des mesures qui entretiennent chômage de masse, exclusion et rentes de situation. Selon eux, une remise en cause de ces acquis permettrait d'améliorer le lot du français moyen, et peut-être d'atteindre une société plus égale.


2023-10-01

Civilisation Materielle, Structures du Quotidien selon Fernand Braudel

Alors que l'histoire est souvent la biographie des grands hommes ou l'étude des aiguillages critiques, Fernand Braudel est un historien français qui publie de 1963 a 1979 une analyse en trois tomes des conditions matérielles sur le temps long. 

Fernand Braudel. Credit: wikicommons

Nous nous interessons ici a la premiere partie, l'évolution démographique depuis le 16e siecle.

Population Mondiale

L'estimation de la population en 1600 fait l'objet d'incertitudes, de manipulation politiques et de réécritures téléologiques de l'histoire pour maximiser ou minimiser l'impact génocidaire des colonisations. Minimisé dans une vision souvent ethnocentrique du développement civilisationnel de la destinée manifeste et du colonialisme du 19e siècle, maximisé pour un point de vue décolonialisateur qui apparait entre deux guerres et devient dominant après la seconde guerre mondiale.

Le dynamisme de la population européenne jusqu'en 1900 est souvent attribué à différents facteurs  de progrès civilisationnel: tel l'allongement de la vie par les progrès de la médecine et de l'hygiène. 

Cependant, l'Asie a vu une augmentation comparable a l'occident dans des conditions parfois insalubres. Braudel décrit le déplacement  de la limite malthusienne. 

Selon Braudel, ce qui dirige la population est la productivité agricole. Celle-ci dépend principalement des techniques de culture cerealiere sur un territoire donné.

Productivité Agricole

Chaque céréale a des implications différentes sur le développement : 

  • en Europe, le blé est la principale source de calorie. La France voit une hausse de productivité de 3 grains pour 1 semé en 1200 à 6 en 1800, les pays les plus avancés, l'Angleterre et la Hollande atteignent 10. Les céréales représentent 50% à 75% de l'apport calorique et plus car certains ouvriers italiens mangent un gros pain qu'ils accompagnent d'une tomate ou d'un oignon.  L'assolement triennal conduit à produire des plantes de fourrage. Les paysans ont recours au bœuf et cheval pour tirer la charrue, le fumier permet de fertiliser. L'Europe met des siècles à optimiser la culture.  
  • en Asie, le riz est la principale culture, avec 7.3e6 cal/ha, contre 1.5e6 pour le blé et 3.4e5 pour l'élevage consacré à la viande, alors que d'importants travaux hydrauliques renforcent le développement administratif quatre siècles avant JC, ce n'est qu'entre le 11e et 12e siècle de notre ère qu'une variété permettant deux récoltes par an est introduite. La productivité est telle que les animaux ne sont pas utilisés, pratiquement tout le travail est fait par des hommes, la ou le riz est cultivé. Les déchets domestiques des villes et les excréments humains sont utilisés comme engrais, ce qui cause une puanteur des villes et des campagnes environnantes. L'évolution du 12e siècle s'accélère avec l'apparition de la patate douce et du mais introduits d'Amérique par les espagnols.
  • en Amérique, le maïs est la base des civilisations incas, maya et aztèques. Le maïs produit de nombreux grains, il produit 70 grains par grain plante en zone aride, et 10 fois plus dans les zones les plus favorables. Une autre spécificité est qu'il ne requiert que 50 jours de travail par an. Que peut-on faire de paysans oisifs ? Braudel note que ces sociétés ont développé des régimes théocratiques qui organisaient des travaux d'architecture grandiose, avec des temples pyramides et des murs à appareillage cyclopéens.

Civilisation à haut niveau d'usage énergetique

Comme l'explique Braudel, l'évolution des techniques agricoles détermine la population des nations avant le 19e siècle et l'avènement de la révolution industrielle et de ce que Boyden (et maintenant Jancovici) appelle la civilisation à haut niveau d'usage énergetique.

Notons qu'au 18e siècle, la construction d'infrastructures (routes, canaux, moulins a vents) s'intensifie sous l'effet d'une compétition européenne et surtout, comme le souligne John Darwin, d'une course a la production de l'Angleterre avec les colonnies. Même sans progrès technique, des infrastructures qui auraient pu être mise en place à l'époque d'Archimède sont installées en Europe. 

Le capitalisme libéral incite alors à la compétition et l'innovation et amène la révolution industrielle. Le développement scientifique et technologique s'intensifient. Ce n'est qu'alors que les progrès de la médecine causent l'explosion demographique de l'Europe puis apres 1950 des pays sous-developpés décrite par Alfred Sauvy.

Défis de la gouvernance: le 18e et le 21e siècle

La plupart des évolutions historiques suivent la découverte de nouvelles techniques. L'exception semble être la révolution capitaliste au 18e siècle qui impose une meilleure application en Europe des technique connues et un declassement des propriétaires terriens conservateurs en faveur d'entreprenneurs commercants à cause de la compétition commerciale avec l'Inde et la Chine. 

Des pays entiers peuvent etre déclassés: l'Espagne n'est pas entrée dans la course à la productivité contre l'Angleterre au 18 siècle, son élite a dilapidé sa rente coloniale dans une politique irrationelle de construction de superbes cathédrales et monastères, peut-être pour mieux légitimer la monarchie de droit divin et perpetuer le statu quo social.

La transition européenne vers de nouvelles énergies est un autre cas ou la volonté politique précede la découverte. L'Allemagne semble vouloir engager l'Europe dans une politique de production moins éfficace et d'investissement d'économie d'énergie à tout prix motivée par un sentiment diffus de culpabilité et une volonté de décroissance mal assumée. Cela pourrait accroitre la désertion du tissu industriel européen. 

Le problème est qu'il n'y a pas de critère accepté de succès de la transition energetique. Contrairement a la course à la production du 18e siècle, c'est une politique irrationelle au sens de Burnham.



Une brève histoire des tarifs douaniers

  Les tarifs douaniers — taxes sur les importations — ont façonné les économies et les empires pendant des siècles, reflétant l’évolution de...